L’enseignement de la maîtrise de soi chez les jeunes 

Dans un monde où les jeunes sont sans cesse sollicités par les réseaux sociaux, la technologie et des désirs instantanés, comment leur transmettre l’art précieux de la maîtrise de soi (guevoura) ? La tradition juive, riche d’enseignements issus de la Torah, du Moussar et du Talmud, offre des clés puissantes pour développer cette force intérieure face au yetser hara, l’inclination vers le mal.

Cet article explore les fondements spirituels de la guevoura dans la Torah, présente des outils pratiques issus de la littérature éthique juive (comme Pirkei Avot ou Messilat Yesharim) et propose des moyens adaptés au monde numérique pour aider les jeunes à grandir en force et en liberté intérieure.

 

L’art de la maîtrise de soi dans la Torah face au yetser hara

Le combat spirituel : un entraînement quotidien

Le judaïsme enseigne que le véritable héros est celui qui se maîtrise lui-même :

« Qui est fort ? Celui qui domine son instinct. » (Pirkei Avot 4:1)

Cette force intérieure s’appelle guevoura, une capacité divine implantée en l’homme pour résister au yetser hara. Rabbi Moché Haïm Luzzatto, dans Messilat Yesharim, enseigne que le libre arbitre est l’arène dans laquelle se joue la grandeur de l’homme : faire le choix du bien même lorsque le mal semble séduisant.

🖋️ Exemple : Un élève qui choisit d’éteindre son téléphone pendant l’étude, malgré l’envie pressante de consulter ses messages, incarne cette forme de guevoura,(Maîtrise de soi).

La Torah comme guide pour discerner et canaliser les impulsions

La Torah ne cherche pas à annihiler les désirs, mais à les canaliser vers des objectifs élevés. Le yetser hara, lorsqu’il est maîtrisé, devient une force au service du bien.

Comme le dit le Talmud (Yoma 69b) :

« Sans le yetser hara, l’homme ne construirait pas de maison, ne se marierait pas, n’aurait pas d’enfants. »

La force est donc de domestiquer cette énergie, non de l’éteindre.

énergie

 

Exercices et outils inspirés des textes juifs pour développer la guevoura

Outils issus du Moussar et de Pirkei Avot

Le mouvement du Moussar propose une éducation de la conscience morale à travers la répétition, l’étude et la méditation. Voici quelques outils applicables en milieu éducatif :

1. L’exercice de la conscience quotidienne (Heshbon Hanefesh)

🖋️ Exemple : Chaque soir, l’élève note une situation où il a résisté à une tentation ou non. Il en tire un enseignement pour le lendemain.

🔠 Citation : « Sache devant Qui tu es appelé à rendre compte » (Avot 3:1)

2. L’habitude de petites victoires

Inspiré de Guard Your Eyes et des 90 jours d’abstinence progressive, on encourage les jeunes à se fixer des objectifs réalistes :
1 jour sans distraction en cours → 3 jours → 1 semaine, etc.

 

garder ses yeux

3. Visualisation et valeurs

En utilisant l’Outil d’identification des valeurs fondamentales, chaque élève peut relier ses choix quotidiens à ses valeurs profondes : volonté de plaire à Hachem, de préserver sa pureté, de se préparer au mariage…

 

Appliquer ces concepts dans le quotidien numérique et social

Affronter les défis modernes avec sagesse

La Torah n’ignore pas la réalité numérique.

Le Talmud dit :

« L’œil voit, le cœur convoite, et le corps accomplit. » (Talmud, Sotah 8a)

Cela rejoint l’analyse moderne de l’impact des écrans sur l’impulsivité.

1. Créer des « zones de sainteté » dans l’emploi du temps

🖋️ Exemple : Bloquer des plages horaires sans téléphone pour l’étude, le sommeil ou la famille.

limite téléphone

2. Utiliser des rappels visuels

Success Tracker recommande d’afficher une phrase de Torah en fond d’écran :

« J’ai conclu une alliance avec mes yeux » (Iyov 31:1)

3. Accompagner l’effort par un soutien communautaire

La parole du Proverbe est claire :

« Le fer aiguise le fer, ainsi un homme aiguise le visage de son prochain » (Proverbes 27:17)

Groupes de parole, havroutot, encadrants bienveillants sont des piliers essentiels pour aider les jeunes à maintenir leur engagement dans un environnement social souvent hostile à l’autodiscipline.

 

Conclusion

La guevoura n’est pas une suppression de soi, mais une élévation de l’homme vers ce qu’il a de plus noble. En développant chez les jeunes la conscience, l’autodiscipline et des outils pratiques inspirés de la Torah, nous leur donnons non seulement des clés pour affronter le yetser hara, mais aussi une direction de vie alignée avec la volonté divine.

Dans un monde d’instantanéité, enseigner la patience et la maîtrise de soi, c’est leur offrir la liberté véritable.

 

Points clés à retenir :

La guevoura est la capacité à canaliser ses pulsions vers des objectifs spirituels élevés.

La Torah et le Moussar proposent des outils concrets pour exercer cette force.

Des pratiques quotidiennes simples (examen de conscience, défis progressifs, rappels visuels) aident les jeunes à appliquer ces valeurs dans leur vie numérique.

Le soutien communautaire et éducatif est essentiel pour ancrer ces pratiques dans la durée.

 

 

 

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