Orthorexie et Bigorexie chez les adolescents 

Dans un monde où la quête de la perfection corporelle et de la santé optimale est survalorisée, certains troubles alimentaires restent méconnus mais ravageurs. L’orthorexie et la bigorexie, souvent masquées par une façade de « bonne hygiène de vie », exigent une attention particulière, notamment chez les adolescents en quête d’identité et de reconnaissance.

Définition des troubles : Orthorexie et Bigorexie

Orthorexie : une obsession malsaine du « manger sain »

L’orthorexie est un trouble alimentaire caractérisé par une obsession pathologique pour une alimentation perçue comme saine. Contrairement à l’anorexie, la personne ne cherche pas à maigrir, mais à atteindre une forme de pureté ou de perfection nutritionnelle.

Exemple : Un adolescent refuse systématiquement tout aliment qu’il n’a pas préparé lui-même, en excluant sucres, graisses, produits industriels, puis progressivement tout ce qu’il ne considère pas comme « parfait ».

Bigorexie : l’addiction à la musculation et au contrôle corporel

La bigorexie touche particulièrement les jeunes garçons : elle se manifeste par un besoin compulsif de pratiquer du sport (souvent de la musculation) pour augmenter sa masse musculaire, associé à une insatisfaction corporelle chronique.

Exemple : Un adolescent passe plusieurs heures par jour à la salle de sport, consomme des protéines en excès, refuse les activités sociales par peur de rater un entraînement.

Signaux faibles à repérer

Ces troubles étant socialement valorisés, ils sont souvent invisibles et banalisés. Pourtant, certains indices peuvent alerter :

  • Évitement social en raison des règles alimentaires ou d’entraînement.

  • Rigidité mentale et culpabilité extrême en cas d’écart alimentaire ou de repos non prévu.

  • Réduction drastique de l’alimentation variée.

  • Surconsommation de compléments alimentaires.

  • Anxiété importante autour de l’image corporelle ou des repas.

  • Baisse de performance scolaire, fatigue, isolement émotionnel.

    12 mauvaises habitudes liées aux troubles anxieux - Psychologue.net

Les dérives du « manger sain » : quand la vertu devient une prison

Ce phénomène illustre ce que le Ramban appelle « le naval birchout haTorah » – un dépravé avec la permission de la Torah : celui qui adopte des comportements excessifs en apparence licites mais en réalité destructeurs​.

La Torah nous invite à la mesure et à la vie équilibrée :

« Tu vivras par eux » (Vayikra 18:5) – Les mitsvot sont données pour vivre, non pour se détruire.

Quand le souci de bien manger devient une source de souffrance ou de séparation d’autrui, il trahit sa vocation.

Une prise en charge discrète et bienveillante

Approche psychologique positive

La psychologie positive, en lien avec les enseignements de la Torah, propose de renforcer les ressources internes plutôt que de lutter frontalement contre les symptômes. Encourager un adolescent à reconnecter avec ses valeurs profondes, comme la connexion, la santé, la volonté d’Hachem, l’authenticité, et l’amour permet un redressement intérieur​.

« L’homme prudent est comme celui qui marche au bord d’une falaise : chaque pas est pesé et réfléchi. » (Messilat Yesharim)
pas de l'Aiguille | Montagne et photographies

Soutien parental et éducatif

D’après les recherches en psychologie positive, un climat familial sécurisant et encourageant, basé sur la clarté, la confiance, le choix et le défi, est un rempart solide contre les troubles alimentaires chez les adolescents​.

Logothérapie : redonner du sens

La logothérapie de Viktor Frankl propose d’aider l’individu à retrouver un sens à sa vie plutôt que de se noyer dans une quête vide de contrôle. Elle est particulièrement pertinente pour ces adolescents qui cherchent une forme de maîtrise sur leur existence par l’alimentation ou le sport​.

« Celui qui a un pourquoi peut supporter n’importe quel comment. » (Nietzsche, cité par Frankl)

Une aide alignée avec la pensée juive

Notre tradition valorise l’équilibre, la maîtrise de soi et la relation harmonieuse au corps et à l’âme. Elle enseigne que le corps est un outil pour servir Hachem, et non une idole à modeler à l’extrême.

« Garde ton âme avec soin » (Devarim 4:9) 

Ce verset implique aussi la préservation du corps, support de l’âme.

 

Conclusion

Ces troubles, invisibles mais dévastateurs, doivent être reconnus comme de véritables appels à l’aide, souvent silencieux. En accompagnant avec empathie, discrétion et profondeur spirituelle, on offre aux adolescents une voie vers la guérison et la croissance intérieure.

 

Points clés à retenir :

  • Orthorexie et bigorexie sont des troubles alimentaires invisibles, souvent valorisés socialement.

  • Ils cachent une souffrance profonde liée au contrôle, à l’estime de soi et à la quête de sens.

  • Signaux d’alerte : rigidité, isolement, culpabilité, fatigue, obsession du « sain » ou du muscle.

  • La Torah prône l’équilibre et la pureté dans l’intention, non l’excès dans l’apparence.

  • Approche recommandée : psychologie positive, logothérapie, clarification des valeurs, écoute empathique.

 

 

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