Pourim est une fête haute en couleurs, en déguisements et en joie. Pourtant, derrière le masque, la tradition juive nous invite à une introspection profonde : qui suis-je vraiment, lorsque je fais tomber les masques ? Ce questionnement résonne puissamment avec le parcours de toute personne en lutte contre une addiction. Cet article propose de réfléchir à cette fête sous un angle thérapeutique et spirituel, pour découvrir comment Pourim peut devenir un tremplin vers la guérison et la reconquête de soi.
Les masques et l’addiction : ce que l’on cache et ce que l’on fuit:
Le masque comme stratégie de survie:
À Pourim, nous portons des masques pour nous déguiser. Dans l’addiction, nous portons des masques pour survivre : celui du « tout va bien », celui du « je maîtrise », ou celui du « je ne suis pas concerné ».
Comme l’enseignent les experts de Guard Your Eyes:
« Nous avons découvert que nous n’étions pas seuls. Ce qui est nécessaire pour commencer notre nouveau parcours est l’acceptation du fait que nous avons un problème ».
L’addiction naît souvent d’une fuite :
Fuir une douleur, un vide, une solitude.
Mais comme le dit le Zohar : « Celui qui émet sa semence en vain est comme s’il détruisait des mondes entiers ».
Derrière cette faute, ce n’est pas le plaisir qui est en jeu, mais le refus d’affronter une vérité intérieure.
Dévoiler l’âme sous le masque:
La Torah nous enseigne : « Hachem est proche de ceux qui L’appellent, de tous ceux qui L’appellent en vérité » (Téhilim 145:18).
Cela signifie que la guérison commence lorsque l’on ose regarder la vérité en face. En psychologie ACT, on parle d’acceptation radicale de ses émotions –
Une idée qui rejoint profondément la Emounah juive :
« Tout ce que fait le Miséricordieux, Il le fait pour le bien » (Brakhot 60b).
La guéoula cachée de Pourim : comment la délivrance peut naître au cœur de la lutte:
Esther, modèle de l’authenticité cachée:
Esther, dont le nom signifie « cachée », révèle au bon moment son identité, et sauve son peuple. C’est le paradoxe de Pourim : la délivrance vient de ce qui est caché.
Rabbi Nahman enseigne : « Même dans la plus grande obscurité, il y a une lumière ».
Ce principe s’applique aux chutes dans l’addiction. Chaque lutte contient une lumière potentielle.
Le Rav Avraham Twerski, expert en dépendances, disait : « Ce n’est qu’en touchant le fond qu’on découvre sur quoi fonder une vie nouvelle. »
La téchouva comme dévoilement progressif:
« Le juste tombe sept fois et se relève » (Michlei/Proverbes 24:16).
Ce verset, clé dans le processus de sortie de l’addiction, nous enseigne que la sainteté ne consiste pas à ne jamais tomber, mais à toujours se relever. À Pourim, le miracle se fait sans que le Nom de D.ieu soit cité dans la Méguila. Cela montre que même quand on ne voit pas D.ieu, Il agit dans l’ombre de notre vie, comme Il agit dans nos luttes secrètes.
Le rire et la sim’ha comme outils puissants contre la spirale des chutes:
La joie comme thérapie:
La psychologie positive moderne et la Torah s’accord
ent : la joie est une force thérapeutique.
Rabbi Nahman de Breslev affirme : « La plus grande mitsva, c’est d’être toujours dans la joie ».
Viktor Frankl, rescapé des camps et fondateur de la logothérapie, explique que même dans la souffrance, on peut trouver du sens, et ce sens nous donne une joie intérieure indestructible.
La sim’ha pour briser les chaînes:
Les Sages enseignent que « Mi shénikhnass Adar marbim bé-sim’ha » – « Quand le mois d’Adar entre, on augmente la joie » (Taanit 29a).
La joie n’est pas seulement une émotion, c’est une arme contre le Yetser Hara. Rire, danser, chanter à Pourim – ce ne sont pas des futilités, mais des boucliers spirituels puissants.
Conclusion:
À Pourim, le masque est un outil pour révéler l’authenticité. Il symbolise cette tension entre ce que nous montrons et ce que nous sommes. L’addiction est souvent un masque qui cache une douleur non exprimée. Mais Pourim nous enseigne que même ce qui est caché peut devenir source de délivrance. Que la joie, la vérité, la téchouva et le dévoilement de soi nous accompagnent dans ce chemin vers une vie plus alignée avec notre essence.
Points clés à retenir :
Les « masques » que l’on porte dans l’addiction peuvent devenir des tremplins vers l’authenticité.
Pourim révèle que la délivrance vient souvent au cœur même de l’obscurité.
La sim’ha, le rire et la joie, sont des antidotes puissants au désespoir et à la rechute.
La Torah nous invite à ne pas fuir notre douleur mais à l’accueillir comme une opportunité de grandir.
Chacun peut entamer une transformation, un pas à la fois, à condition de ne pas renoncer à son propre chemin vers la lumière.