Se libérer comme nos ancêtres, vers une souveraineté intérieure.
La sortie d’Égypte (Yetsiat Mitsrayim) est bien plus qu’un événement historique fondateur du peuple juif. Elle est, à travers le prisme de la pensée juive, un modèle intemporel de libération intérieure. Le récit de l’exode, avec ses étapes, ses douleurs, ses miracles et son aboutissement dans la liberté, trace un itinéraire spirituel applicable à chaque individu prisonnier de ses dépendances, de ses compulsions ou de ses peurs.
L’Égypte (Mitsrayim) : Symbole de l’étroitesse mentale et de l’esclavage intérieur
Mitsrayim : l’enfermement intérieur:
En hébreu, Mitsrayim dérive de la racine tsar (צַר) qui signifie « étroit ». L’Égypte devient donc le symbole de l’« étroitesse », de la limitation de l’âme, de la prison intérieure où l’on est enfermé par ses instincts, ses automatismes ou ses dépendances.
« Et le peuple d’Israël gémit sous la servitude… et leur cri monta vers Dieu. » (Exode 2:23)
Addiction et esclavage partagent une racine commune : l’incapacité à se libérer par soi-même, la perte de souveraineté sur ses actes.
Comme le dit la Torah :
« Mon peuple est parti sans force » – car ils avaient perdu leur pouvoir de décision, leur bekhira.
Le conditionnement du mental:
Dans le contexte de la dépendance, Mitsrayim représente le système de croyances limitantes, de fausses sécurités, de plaisir illusoire, semblables aux marmites de viande d’Égypte dont les esclaves se souvenaient avec nostalgie (Exode 16:3).
« Mieux valait pour nous servir les Égyptiens, que de mourir dans le désert » (Exode 14:12)
Une phrase révélatrice du syndrome de l’esclave : préférer l’emprisonnement familier à l’incertitude de la liberté.
Les Dix Plaies : Un Processus Progressif de Rupture:
Briser les chaînes, étape par étape:
Chaque plaie représente une attaque contre un aspect spécifique de l’esclavage intérieur. De la dépendance aux besoins physiques (eau transformée en sang), à la paralysie émotionnelle (obscurité), les dix plaies symbolisent un parcours de désintoxication spirituelle.
Rav Wolbe explique que le changement profond ne peut venir que de petits mouvements répétés.
Chaque plaie est une secousse nécessaire pour réveiller une conscience engourdie.
Parallèle avec les outils de libération:
Guard Your Eyes propose 20 outils progressifs pour sortir de la dépendance. De la simple observation de soi à des changements structurels de vie, ces étapes rappellent l’intensification des plaies : de plus en plus profondes, elles visent à ébranler jusqu’à la racine du déni.
« Le Juste tombe sept fois et se relève. » (Proverbes 24:16)
L’enseignement ici est clair : le chemin est progressif, par étapes, et chaque rechute n’est qu’un appel à se relever.
La Sortie vers la Liberté Intérieure : Redevenir Souverain;
De l’esclavage à la souveraineté;
Le moment de la sortie d’Égypte est une renaissance. Rabbi Na’hman de Breslev enseigne que chacun doit sortir de son propre Mitsrayim. C’est un passage personnel, du désespoir à l’espoir, du cycle compulsif à la maîtrise.
« Hachem nous a sortis d’Égypte avec une main forte » (Deutéronome 26:8)
Mais ce mouvement divin ne s’enclenche qu’après le cri sincère de l’homme.
La souveraineté retrouvée signifie reprendre la responsabilité de ses choix.
Viktor Frankl dans sa logothérapie parle de cette « dernière liberté » qu’aucune circonstance ne peut retirer à l’homme : choisir son attitude face à sa réalité.
De l’extériorité vers l’intériorité:
Les Hébreux ne sont pas sortis uniquement d’un pays physique, ils sont sortis d’une mentalité d’esclaves. Le désert devient alors un lieu d’introspection, où chaque individu doit reconstruire son identité : Qui suis-je sans mes chaînes ?
Le Yetser Hara, comme Pharaon, refuse de lâcher prise.
Mais la Torah nous enseigne que :
« Celui qui veut se purifier, on l’aide d’en haut. » (Talmud, Yoma 38b)
Le succès ne vient pas d’un coup d’éclat, mais d’un engagement quotidien : journaux de bord, prières, soutien mutuel, étude de la Torah — autant de marches pour sortir de Mitsrayim.
Conclusion : Sortir de Mitsrayim aujourd’hui
La sortie d’Égypte est notre feuille de route spirituelle pour toute forme de dépendance. Elle nous rappelle que même lorsqu’on est au plus bas, Hachem peut nous tendre la main — à condition de faire ce premier pas, de crier du fond du cœur, de refuser la fatalité.
Sortir de Mitsrayim, c’est choisir la vie. C’est croire qu’il existe un « après », qu’on peut se libérer, qu’on peut renaître.
« Souviens-toi que tu as été esclave en Égypte, et que Hachem ton Dieu t’a fait sortir de là avec une main forte et un bras étendu. » (Deutéronome 5:15)
Points clés à retenir :
Mitsrayim représente l’état mental d’enfermement, propre à toute addiction.
Les dix plaies symbolisent des étapes progressives pour briser l’illusion de contrôle et entamer la libération.
La sortie d’Égypte est le modèle de passage de l’esclavage intérieur à la liberté spirituelle.
Le changement est progressif, guidé par des outils et un encadrement spirituel.
Chaque individu est appelé à sortir de son propre Égypte, chaque jour.
