À l’ère numérique, le jeu s’infiltre dans la construction de l’identité des jeunes, souvent sous la forme de défis numériques banals ou à mise d’argent. Cet article explore comment la psychologie positive, la Torah et le Moussar peuvent aider à structurer une réponse éducative profonde face à ce phénomène inquiétant.
Le jeu digital : un passe-temps ou une dérive dangereuse ?
Jeux, défis et applis : un camouflage de l’addiction
Les adolescents sont de plus en plus exposés à des jeux en ligne qui se présentent comme des « challenges », des défis à relever, parfois accompagnés de mises d’argent. Ces jeux, souvent viraux, exploitent la recherche de reconnaissance sociale et la quête d’adrénaline.
Exemple : TikTok et d’autres réseaux populaires regorgent de défis incitant à prendre des risques, parfois physiques ou financiers. L’aspect ludique cache souvent un véritable piège psychologique.
Comme l’indique la psychologie positive, ces mécanismes engendrent des comportements addictifs quand ils s’appuient sur une gratification instantanée et des objectifs vagues ou externes. Le manque de clarté des buts et l’absence de repères solides exposent les jeunes à la manipulation émotionnelle et identitaire.
La construction de soi en danger
Quand les défis numériques brouillent les frontières de l’identité
La période de l’adolescence est une phase critique où l’individu cherche à définir « qui il est ». La Torah enseigne que l’homme a été créé « à l’image de D.ieu » (Genèse 1:27), c’est-à-dire doté d’un libre arbitre, capable de se dépasser pour tendre vers la grandeur morale. Mais ce potentiel est mis à mal lorsque le jeune devient dépendant de validations externes éphémères.
Rav Avigdor Miller:
« L’homme ne devient pas esclave de ses désirs en un jour. Chaque petit compromis prépare le terrain à la perte de contrôle. »
Ces jeux de défis en ligne ne sont donc pas neutres : ils installent des habitudes, façonnent la pensée, et orientent le comportement vers des réflexes souvent inconscients, éloignés de la liberté intérieure.
La réponse du Moussar : une ancre pour l’âme
Éduquer à la conscience et à la maîtrise de soi
Le Moussar, voie millénaire d’éducation morale juive, propose une réponse claire : redonner à l’individu la capacité de choisir en conscience.
Rav Dovid Kaplan:
« Chaque fois que tu dis non à ton yetzer hara, tu ne fais pas que résister : tu construis ton identité d’homme libre. »
L’étude du Moussar chez les jeunes permet de :
- Restaurer un sens de la responsabilité personnelle,
- Développer une vie intérieure solide,
- Créer un système de valeurs stable qui guide au-delà des modes passagères.
Rav Wolbe insiste sur le fait que
« les addictions naissent souvent d’un manque d’intériorité ».
Ainsi, plus l’adolescent développe un monde intérieur nourri par la Torah, la prière et la réflexion, moins il aura besoin de se perdre dans l’extérieur.
Défis, mise d’argent et perte du sens
La spirale du vide existentiel
Comme l’a démontré le Dr Viktor Frankl, l’addiction chez les jeunes est souvent le symptôme d’un vide de sens. Ce vide pousse à rechercher frénétiquement des stimulations : drogues, sexe, jeux en ligne ou paris.
Exemple : Des jeunes sans projet de vie réel se réfugient dans des défis dangereux, espérant y trouver reconnaissance ou adrénaline, mais s’enfoncent dans un mal-être chronique.
« L’homme ne vit pas que de sécurité matérielle. » – Viktor Frankl
Face à ce vide, le judaïsme propose une spiritualité active, un projet de construction de soi. Le Moussar invite chacun à se poser la question :
« Que suis-je venu apporter au monde ? »
Recommandations éducatives
Créer une éducation préventive et proactive
Voici quelques pistes pratiques à mettre en œuvre :
- Créer un discours parental clair, centré sur le sens et la valeur personnelle.
- Introduire le Moussar dans l’éducation juive dès le jeune âge, avec des textes accessibles et des exemples concrets.
- Encourager les jeunes à vivre des expériences collectives valorisantes, loin des écrans : camps, bénévolat, projets de groupe.
- Favoriser la réflexion sur les désirs : qu’est-ce que je recherche réellement dans ce jeu ? Est-ce que cela me grandit ou me diminue ?
Une vision de la Torah pour l’ère digitale
La Torah et le Moussar nous rappellent que la grandeur humaine réside dans la capacité à choisir, à résister, et à se diriger vers le bien. À travers des outils concrets et une introspection régulière, l’éducation juive peut offrir aux jeunes les fondations solides pour traverser les tempêtes numériques sans perdre leur âme.
À l’image d’un arbre bien enraciné, un jeune formé par le Moussar et connecté à sa neshama résistera aux vents des défis vides de sens. Offrons-leur cette force aujourd’hui, pour qu’ils deviennent les guides de demain.
Conclusion
À une époque où le jeu se camoufle derrière les défis et les écrans, l’éducation juive offre une réponse radicale mais pleine d’espoir : reconnecter l’adolescent à son intériorité, à sa mission et à sa liberté. En bâtissant sur les fondations du Moussar, nous semons des graines d’éternité dans un monde saturé de superficialité.
Points clés à retenir :
- Les défis en ligne déguisent souvent une dynamique addictive.
- La construction de l’identité adolescente est menacée par ces jeux.
- Le Moussar est un antidote profond aux dérives de l’ère numérique.
- La Torah appelle à la vigilance des yeux et du cœur pour rester maître de soi.
- Un environnement éducatif clair, chaleureux et exigeant est la meilleure prévention.
