Le jeu compulsif est souvent perçu uniquement à travers ses effets économiques ou sociaux. Pourtant, il ronge l’âme du joueur, l’isolant dans un monde de mensonge et de duplicité. Cet article explore les conséquences psycho-spirituelles profondes du jeu, et comment la vérité intérieure constitue le fondement de la téchouva.
Le mensonge et la double vie : le cœur du mal-être
Le joueur compulsif vit souvent dans un système de mensonges élaboré, mentant à son entourage, à ses proches, à ses employeurs… mais surtout à lui-même.
Exemple : « Je me contrôlais… je pensais que je pouvais arrêter quand je voulais. Mais chaque fois que je perdais, je mentais pour justifier, et chaque mensonge renforçait ma cage. »
Ce mode de vie crée un dédoublement de la personnalité : une façade publique où tout semble aller bien, et une vie intérieure rongée par la honte et l’angoisse. Ce que décrit le GuardYourEyes Handbook, c’est cette douleur profonde d’une « double vie qui rend fou », un vécu que beaucoup reconnaissent dans l’addiction au jeu.
Dissociation entre réalité et image sociale : l’éclatement de l’identité
Le joueur devient un expert de la dissimulation. Il construit une image sociale en contradiction totale avec la réalité de ses actes. Cela provoque une dissociation identitaire : il ne sait plus qui il est vraiment.
Selon la psychologie existentielle de Viktor Frankl, l’être humain est en tension constante entre ce qu’il est et ce qu’il devrait être, et c’est cette tension qui fonde son humanité. Quand cette tension devient insupportable — car le fossé entre image et réalité est trop grand —, le vide existentiel s’installe.
Le joueur comme manipulateur : une stratégie de survie perverse
Le manipulateur n’est pas nécessairement machiavélique. Souvent, il est un être blessé, en survie, utilisant la ruse pour fuir la douleur. Le joueur, lorsqu’il manipule les autres, utilise une stratégie de défense pour protéger son addiction, souvent inconsciemment.
Le Rav Twerski enseignait que l’honnêteté radicale est la première étape vers la guérison, car le mensonge est l’allié numéro un de l’addiction. La Torah elle-même nous enseigne que la vérité est le fondement du monde :
« Cache-toi de la fausseté » (Chemot/Exode 23:7).
Sans vérité, aucun retour n’est possible.
Vérité intérieure et Téchouva : la voie du retour
Le joueur qui veut faire téchouva doit commencer par retrouver sa vérité intérieure. Cela signifie reconnaître sa douleur, sa détresse, son besoin d’échapper à la réalité. Il doit, comme le dit le Rambam, reconnaître son erreur et s’engager à changer.
La Téchouva n’est pas un acte unique, mais un chemin.
Comme le dit le Talmud :
“Grande est la téchouva, car elle transforme les fautes en mérites.” (Yoma 86a)
La vérité intérieure, dans ce cas, n’est pas un aveu de faiblesse, mais un acte de courage : celui de se regarder en face et de dire « je veux changer ».
Un regard juif : de la chute à l’élévation
Le Proverbe affirme :
“Le juste tombe sept fois et se relève” (Michlei 24:16).
La grandeur n’est pas dans l’absence de chute, mais dans la capacité à se relever encore et encore. Cette résilience spirituelle est au cœur de l’enseignement de Rabbi Na’hman de Breslev : “Le monde entier est un pont très étroit, et l’essentiel est de ne pas avoir peur.”
CONCLUSION:
Le jeu compulsif ne détruit pas seulement des comptes en banque, il altère l’âme, isole, ment, manipule, dissocie… Mais tout homme peut revenir. En retrouvant sa vérité, en sortant de sa double vie, en se reconnectant à ses valeurs et à sa mission, il peut renaître. La téchouva commence par un mot : “assez”. Et continue par un chemin : celui de la vérité.
Points clés à retenir :
- Le jeu compulsif entraîne mensonge et double vie, ce qui isole spirituellement.
- Il provoque une dissociation entre soi et son image sociale, source de mal-être.
- Le joueur devient souvent manipulateur pour protéger son comportement.
- Retrouver sa vérité intérieure est la base de toute téchouva authentique.
- La tradition juive valorise la persévérance dans la chute comme signe de grandeur.
- La Téchouva transforme les fautes en forces, lorsqu’elle est sincère.