Dans notre société moderne, les jeux d’argent et de hasard, comme les grattages ou les paris, se sont subtilement invités dans les pauses au travail. Cet article propose une réflexion enracinée dans la pensée juive sur le plaisir du jeu en milieu professionnel, la dilution de la productivité, la perte du respect de soi, et la possibilité d’élever l’expérience professionnelle grâce à la kavana.
Le plaisir du jeu au travail : une évasion en apparence anodine
Jeux de grattage et paris : nouvelles habitudes dans les pauses
Dans de nombreux environnements professionnels, les employés profitent des pauses pour s’adonner à des jeux comme les cartes à gratter ou les paris sportifs. Ces activités procurent un frisson temporaire et rompent la monotonie du quotidien. Pourtant, la pensée juive met en garde contre le risque de banalisation du hasard.
Exemple : Un employé gratte une carte chaque matin, affirmant que cela « lui donne du courage pour commencer sa journée ». Ce rituel devient vite une dépendance silencieuse.
Citation :
« Vous ne vous égarerez pas après votre cœur et après vos yeux » (Bamidbar 15:39)
Rachi explique que les yeux conduisent au cœur, et que ce que l’on voit influence nos désirs et nos actes.
Le jeu, un plaisir qui grignote la productivité
Si ces moments ludiques sont perçus comme des soupapes de décompression, ils peuvent entraîner une baisse de vigilance, une déconnexion de la tâche professionnelle et un affaiblissement du sens de responsabilité. Le Judaïsme appelle cela la bitoul zman – perte de temps.
Citation :
« L’oisiveté mène au péché » (Talmud, Kiddouchin 29b)
Car lorsque le temps n’est pas rempli par des actions constructives, il est investi dans des distractions parfois nocives.
Le respect de soi mis à mal
L’effet insidieux du jeu compulsif
Ce qui commence comme un simple plaisir peut glisser vers une habitude compulsive. La dépendance au jeu détériore progressivement l’estime de soi. Un homme centré sur l’espoir d’un gain immédiat perd de vue ses objectifs profonds et sa dignité.
Citation :
« Un homme peut-il marcher sur des charbons ardents sans se brûler les pieds ? » (Mishlei 6:27-28)
Celui qui s’adonne à des plaisirs dangereux en paiera le prix.
Exemple : David, cadre dynamique, avoue qu’il a du mal à se concentrer après chaque pause. Son esprit reste accroché au tirage du jour.
Élever le travail par la Kavana : une réponse juive
Redonner du sens au travail
Le Judaïsme valorise le travail non seulement comme un moyen de subsistance, mais aussi comme un lieu de croissance spirituelle. Le mot hébreu Avodah signifie à la fois « travail » et « service divin ». Travailler avec kavana – intention consciente – permet de transformer chaque tâche en acte sacré.
Citation :
« En tout ce que tu fais, reconnais-Le, et Il aplanira tes sentiers. » (Mishlei 3:6)
Exemple : Myriam, assistante administrative, commence chaque matin par une prière courte : « Que ce travail soit un moyen de sanctifier Ton Nom ». Elle ressent plus de concentration et moins de besoin d’évasion.
Le travail bien fait comme service divin
Selon Rabbi Dessler, dans Michtav MéÉliyahou,
« La sainteté n’est pas dans ce que l’on fait, mais dans comment on le fait »
. Travailler avec intention, honnêteté, rigueur et dévouement transforme même les tâches banales en actes spirituels.
Citation :
« Vous serez saints, car Moi, Hachem, votre D.ieu, Je suis saint » (Vayikra 19:2)
Ramban explique que la sainteté commence dans les détails du quotidien, même dans le domaine profane.
Conclusion
Le jeu en milieu professionnel peut sembler anodin, mais il cache des risques profonds : perte de temps, d’identité, d’intention. La Torah nous invite à transformer notre relation au travail en une opportunité de croissance. En réorientant notre plaisir vers des actions significatives, en replaçant la kavana au cœur de notre quotidien, nous pouvons retrouver dignité, efficacité et joie intérieure.
Points clés à retenir :
- Les jeux de grattage ou paris pendant les pauses peuvent devenir des dépendances silencieuses.
- Le Judaïsme met en garde contre l’oisiveté et la perte de sens.
- La kavana transforme le travail quotidien en service spirituel.
- Le respect de soi passe par des choix alignés avec ses valeurs.
- La sanctification du quotidien commence par la conscience de chaque acte.