Dans notre société, certains comportements sont normalisés au point d’être invisibles à nos propres yeux. Parmi eux, les jeux en présentiel dans les bars-tabac de quartier peuvent sembler anodins, voire sympathiques. Pourtant, derrière l’habitude quotidienne de “gratter un ticket” ou de “jouer un flash” après le travail, se cache parfois une addiction sociale déguisée. Cet article propose une exploration de cette réalité sous l’éclairage de la pensée juive, avec des pistes concrètes pour réorienter cette énergie vers une élévation intérieure.
La banalité piégeuse des jeux de quartier
Une routine socialement acceptée
Dans de nombreux quartiers, les bars-tabac sont devenus des lieux de sociabilité où l’on se rend machinalement pour “jouer un peu”. Cette habitude, souvent banalisée, crée une routine puissante : jouer avant ou après le travail devient un rituel rassurant, un moment pour soi dans un environnement connu.
Exemple :
“Tous les soirs après ma journée, je m’arrête au tabac. Ce n’est pas tant pour le jeu, mais pour voir les habitués, discuter un peu, gratter un ou deux tickets…”
Une addiction sociale bien masquée
Ce type de comportement peut relever d’une addiction comportementale à faible bruit, difficile à détecter car elle s’inscrit dans une norme sociale. On ne la remet pas en question car elle “fait partie du quotidien”. Or, le Talmud nous enseigne :
“L’oisiveté mène au péché.” (Kiddouchin 29b)
Le temps mal employé, même s’il semble anodin, nous éloigne de notre potentiel spirituel.
Rabbi Twerski souligne également que l’addiction n’est pas une faiblesse de volonté mais une déviation du besoin de sens. Cette dynamique est souvent présente dans le jeu social, où l’on cherche inconsciemment à combler un vide intérieur par des plaisirs répétitifs.
L’étude de la Torah comme nouvelle routine
Remplacer plutôt qu’interdire
Une clé de la pensée juive est de remplacer une mauvaise habitude par une habitude positive, et non simplement de la supprimer. Comme l’enseigne le Zohar :
“Un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité.” (Zohar I:5)
En remplaçant la pause “jeu” par une pause “étude”, même de quelques minutes, on injecte une lumière nouvelle dans notre quotidien.
Exemple :
“À la place de mon passage au tabac, je me suis fixé 10 minutes d’étude de Michna chaque jour. Cela me recentre, me donne un sentiment d’élévation que le jeu ne m’a jamais offert.”
Mettre en place une routine spirituelle simple
- Télécharger un audio Torah que l’on écoute sur le trajet retour.
- Lire une page de Pirkei Avot en attendant le bus.
- Étudier avec un havrouta une fois par semaine à l’heure habituelle du jeu.
Le Rambam (Maïmonide) conseille de répartir son temps de manière équilibrée : Torah, travail et repos. En intégrant l’étude à notre rythme de vie, on désamorce le besoin de combler un vide par le jeu.
Transformer l’environnement
Créer une barrière autour de la Torah
“Fais-toi une haie autour de la Torah.” (Pirkei Avot 1:1)
Cela signifie que nous devons créer un environnement qui préserve nos valeurs : éviter de fréquenter les lieux déclencheurs, modifier nos trajets habituels, ou même faire de nouveaux lieux nos repères, comme une synagogue, un cours de Torah ou un café associatif.
Engager le corps et l’âme
Le judaïsme recommande des activités actives : bénévolat, sport, prière, musique, qui remplacent les automatismes vides par des engagements nourrissants.
Conclusion
Le jeu en présentiel dans les bars-tabac peut sembler anodin, mais il dissimule souvent une recherche de sens. La Torah nous propose de canaliser cette recherche vers une construction intérieure authentique. En remplaçant cette habitude par une routine spirituelle, nous ne renonçons pas à un plaisir, nous accédons à une joie plus profonde. Le juste ne craint pas la chute, car il sait se relever pour mieux avancer. (cf. Proverbes 24:16)
Points clés à retenir :
- Les jeux dans les bars-tabac peuvent masquer une forme d’addiction sociale.
- Le judaïsme prône la transformation par le remplacement d’habitudes nuisibles.
- L’étude quotidienne, même brève, peut être une source de satisfaction durable.
- La prière, l’étude, le sport et l’engagement communautaire sont des alternatives puissantes.
- Créer un environnement protecteur est essentiel pour maintenir le cap.