Dans nos sociétés religieuses, particulièrement dans le judaïsme, les repas ne sont pas de simples moments de nutrition : ils sont des actes spirituels, communautaires, voire identitaires. Toutefois, cette importance peut entraîner des déséquilibres alimentaires, de la pression sociale, et des souffrances psychologiques que nous allons explorer ici, avec l’aide de la sagesse de notre Torah et de nos Sages.
Déséquilibres alimentaires et pratiques religieuses
Les repas de Shabbat, les fêtes juives, et même les repas liés aux chiddoukhim (rencontres matrimoniales) sont souvent riches, festifs et abondants. Cela peut parfois entraîner :
- Une surconsommation par mimétisme social.
- Une culpabilité alimentaire post-fêtes.
- Une difficulté à maintenir un équilibre sain entre spiritualité et santé physique.
La Torah nous enseigne pourtant l’importance de la mesure :
« Vous ferez très attention à vos âmes » (Devarim 4:15)
Un appel clair à préserver notre corps qui est le réceptacle de l’âme.
Pression communautaire autour des repas
Le regard de l’autre, surtout dans les contextes religieux, peut être lourd à porter. Lors des chiddoukhim, des repas de Shabbat ou des fêtes, certains ressentent :
- La nécessité de prouver leur piété par la profusion.
- La peur d’être jugés sur leur manière de manger ou de recevoir.
- L’angoisse d’être évalués à travers des critères superficiels.
Rabbi Israël Salanter disait :
« Il est plus important de veiller à ne pas faire honte à son prochain que de jeûner toute une journée. »
Cela rappelle que l’essence du repas communautaire doit être la paix et la bienveillance, non la compétition ou la critique.
Exemple :
Lors d’un repas de fête, une jeune femme a préféré limiter ses portions pour préserver sa santé. Pourtant, des remarques ironiques ont fusé. Elle a tenu bon, consciente que son corps aussi est un don sacré d’Hachem à préserver.
Shabbat, fêtes, chiddoukhim : l’anxiété du regard
La beauté du Shabbat et des fêtes réside dans la joie partagée, pas dans l’anxiété. Pourtant, nombreux sont ceux qui confessent ressentir :
- La peur de « mal faire » (mal cuisiner, mal recevoir, mal se tenir à table).
- L’angoisse de ne pas être « à la hauteur » des standards communautaires.
Rabbi Nahman de Breslev encourage :
« Ne regarde pas l’apparence extérieure des choses, mais trouve la lumière dans chaque situation. » (Likouté Moharan).
Le but est de se connecter sincèrement à la joie intérieure et non à l’apparence extérieure.
Se libérer de l’ego religieux
Il existe un piège subtil : l’ego peut se cacher derrière la « religiosité ». Se donner à voir comme « parfait », comme « meilleur », est une forme d’orgueil spirituel.
Le Baal Chem Tov enseignait :
« Celui qui se vante de ses mitsvot est comparable à celui qui crie sur le toit qu’il est humble. »
La véritable grandeur est discrète, humble et tournée vers l’Autre.
Citation :
« Mieux vaut un homme simple, qui sert Hachem dans l’humilité, qu’un homme érudit rempli d’orgueil. » (Pirké Avot)
Kavod habriot : Honorer son propre corps
Dans le judaïsme, le kavod habriot (l’honneur dû aux créatures) est une valeur capitale. Cela inclut aussi le respect de son propre corps.
Le Rambam (Maïmonide) rappelle :
« Le corps est un instrument au service de l’âme. S’il est malade ou affaibli, il ne peut accomplir sa mission. » (Hilchot Deot 4:1)
Ainsi, honorer son propre corps, c’est :
- Veiller à une alimentation équilibrée.
- Respecter ses besoins physiques et émotionnels.
- Se souvenir que la santé est une condition pour servir Hachem avec joie.
En redonnant au repas sa juste dimension de spiritualité joyeuse, sans excès ni pression, nous retrouvons l’équilibre voulu par la Torah : un équilibre entre le corps et l’âme, entre la fête et la simplicité, entre la communauté et soi-même.
Conclusion
L’alimentation dans un cadre religieux doit être source de joie, de lien, et non de stress ou de culpabilité. La Torah nous invite à honorer notre corps et notre âme, à vivre dans la simplicité et la sincérité. Trouvons ensemble ce chemin d’équilibre sacré, pour mieux servir Hachem avec amour et authenticité.
Points clés à retenir :
- La Torah valorise la mesure et le respect du corps.
- Le repas communautaire doit rester un moment de paix, pas de jugement.
- Se libérer de l’ego religieux, c’est vivre la foi dans l’humilité.
- Kavod habriot inclut l’amour et le respect de soi-même.
- La santé physique est une condition pour la vitalité spirituelle.