Dans notre société obsédée par l’image et la performance, nombreux sont les adultes qui vivent sous le joug de régimes alimentaires permanents. Cette pression constante influence profondément leur identité, leur équilibre psychologique et leur rapport au corps. En s’appuyant sur la pensée juive et les approches thérapeutiques intégratives, cet article explore les effets de cette quête de contrôle et propose des pistes pour une alimentation durable et connectée au sens de la vie.
Le régime perpétuel : entre quête de contrôle et perte de liberté intérieure
Une injonction moderne à la perfection
Dans le monde occidental, l’idée d’être « à la diète » est souvent banalisée, voire valorisée. Pourtant, vivre en restriction constante peut devenir un véritable enfermement identitaire. Le corps devient un champ de bataille, la nourriture une source de culpabilité et non plus de vitalité.
Exemple : une femme de 45 ans suit des régimes depuis ses 16 ans. Elle n’a jamais connu un repas sans compter les calories. Son poids a peu varié, mais son estime d’elle-même s’est effondrée.
Dans ce contexte, le regard de la Torah nous invite à réévaluer le sens de notre rapport à la nourriture et au corps.
📖 « Vous serez saints, car Moi, Hachem, votre D.ieu, Je suis saint » (Vayikra 19:2)
La sainteté implique un rapport équilibré aux plaisirs matériels. Le Ramhal explique qu’elle ne consiste pas à rejeter le monde, mais à l’élever dans une perspective spirituelle.
L’impact psychologique des régimes chroniques
Une atteinte à l’estime de soi et à l’auto-efficacité
Selon les recherches en psychologie positive, les régimes perpétuels peuvent altérer la perception de soi. Lorsque la réussite est mesurée uniquement par la balance, chaque écart devient un échec personnel, renforçant un sentiment d’impuissance.
« Je n’arrive même pas à respecter un régime. »
Cette phrase revient souvent chez les patients, nourrissant un cercle vicieux de honte et de rechute.
Les croyances d’auto-efficacité sont fondamentales : croire qu’on peut changer influence directement notre capacité à adopter des comportements sains.
📖 « Le juste tombe sept fois, et il se relève. » (Proverbes 24:16)
L’erreur ne définit pas l’individu. Le processus de retour (techouva) est au cœur du judaïsme.
Régimes et identité : se définir autrement que par son assiette
Le logothérapeute Viktor Frankl rappelle que le sens de la vie ne peut être donné par un thérapeute : il doit être découvert par la personne elle-même. Les régimes imposés, sans lien avec les valeurs profondes de l’individu, sont souvent inefficaces car ils nient cette quête personnelle de sens.
L’outil d’identification des valeurs fondamentales issu de la pensée juive permet justement de replacer l’alimentation dans une perspective de sens :
Exemple : une personne peut se fixer comme valeur la « santé », non par peur de grossir, mais pour pouvoir être présente pleinement dans sa vie familiale et spirituelle.
📖 « Et vous ne vous égarerez pas après vos yeux et votre cœur » (Bamidbar 15:39)
Ce verset évoque la maîtrise de soi et l’alignement avec ses valeurs.
Vers une alimentation durable : nourrir le corps et l’âme
La Torah : entre plaisir et discipline
La tradition juive ne valorise ni l’ascèse totale ni l’excès. Elle appelle à manger avec conscience, en faisant de l’acte alimentaire une occasion de reconnaissance et de spiritualité.
📖 « L’homme ne vivra pas seulement de pain » (Devarim 8:3)
L’alimentation est nécessaire, mais ne doit pas être la seule source de sens.
Adopter une alimentation durable, c’est aussi écouter les besoins du corps, sans tomber dans le contrôle obsessionnel. C’est redonner une dimension sacrée à ce que l’on mange, en bénissant, en partageant, en choisissant avec éthique.
Revenir à une identité ancrée dans l’être
Plutôt que de fonder son identité sur une apparence ou un chiffre, la pensée juive propose de se reconnecter à son essence :
📖 « Dieu créa l’homme à Son image » (Bereshit 1:27)
Notre valeur ne dépend pas de notre silhouette, mais de notre âme et de notre capacité à faire le bien.
Conclusion
Être à la diète toute sa vie, c’est souvent porter un fardeau invisible mais lourd. En s’appuyant sur les enseignements de la Torah et de la psychologie positive, il est possible de se libérer de cette logique de restriction pour retrouver une relation apaisée à la nourriture, au corps et à soi. Le chemin vers une alimentation durable passe par la redécouverte de ses valeurs profondes et le respect de l’image divine en soi.
Points clés à retenir :
- Les régimes permanents peuvent nuire à l’identité et au bien-être.
- La Torah valorise une alimentation consciente et spirituelle.
- L’auto-efficacité et la bienveillance envers soi sont essentielles.
- Revenir à ses valeurs permet une transformation durable.
- L’alimentation peut devenir un acte sacré, non une contrainte.