Dans notre société moderne, la relation à l’alimentation est souvent faussée par des sentiments de culpabilité et de jugement. Comment retrouver un lien naturel, sain et sacré avec la nourriture ? Cet article explore les fondements de la pensée juive pour nous aider à casser l’opposition « plaisir = faute », et redonner au corps sa juste place dans notre existence.
Casser l’opposition “plaisir = faute”
Dans de nombreuses cultures, la recherche du plaisir est souvent teintée de culpabilité. Pourtant, selon la Torah, le plaisir n’est pas une faute en soi, mais un cadeau de D.ieu destiné à être utilisé avec sagesse.
Comme l’enseigne Rav Noah Weinberg:
« Le monde a été créé pour que nous en jouissions de manière consciente et respectueuse ».
Ce principe est profondément enraciné dans le texte de la Genèse où il est écrit :
« D.ieu vit tout ce qu’Il avait fait, et voici, c’était très bon. » (Bereshit/Genèse 1:31)
Le plaisir devient problématique lorsqu’il est détourné de son but originel, qui est d’élever l’homme vers une plus grande proximité avec le divin. La nourriture, en tant que source de plaisir, est censée renforcer notre gratitude, notre conscience, et notre lien à Hachem.
Exemple : Un repas de Shabbat partagé avec amour et reconnaissance est un acte de sainteté, non de culpabilité.
Rav Weinberg : le monde est un cadeau
Rav Noah Weinberg, fondateur d’Aish HaTorah, enseigne que le monde n’est pas un piège mais un don :
« D.ieu nous a donné un monde magnifique pour que nous en fassions usage dans la sainteté et la joie. »
Ainsi, chaque expérience agréable, y compris le plaisir de manger, est une opportunité spirituelle. Selon le Talmud (Brakhot 35a) :
« Quiconque bénéficie de ce monde sans bénir est comparable à quelqu’un qui volerait. »
Bénir, savourer, remercier : voilà les clés pour transformer chaque bouchée en acte de connexion à D.ieu.
Exemple : Avant de manger un fruit, prononcer une bénédiction transforme un acte physique en expérience spirituelle.
Redonner au corps sa juste place
Dans la vision juive, le corps n’est pas un ennemi, mais un partenaire dans notre service divin. Le Rambam (Maïmonide) dans son « Guide des Égarés » enseigne que l’équilibre est la voie royale :
« Maintenir son corps en bonne santé est une des voies pour servir D.ieu. » (Hilchot De’ot 4:1)
Réapprendre à écouter son corps avec respect, sans tomber dans la démesure ni dans la privation excessive, est une démarche spirituelle essentielle. Le Sefer Hachinoukh souligne que la modération est une mitzvah en soi.
Exemple : Manger jusqu’à être rassasié mais non repu, selon l’enseignement de nos Sages, permet d’honorer son corps sans excès.
De plus, comme l’explique Viktor Frankl dans son approche logothérapeutique , donner du sens à ses actes, même alimentaires, transforme la vie quotidienne en une mission pleine de dignité.
Conclusion:
En renouant avec la sagesse ancestrale de la Torah, nous pouvons guérir notre relation à l’alimentation. Manger n’est pas un acte banal ni honteux ; c’est un cadeau divin, un moment pour cultiver la gratitude, la conscience, et la joie. À travers chaque repas, nous avons l’opportunité de renaître à une vie plus saine, plus alignée avec nos valeurs fondamentales.
Points clés à retenir :
- Le plaisir alimentaire est un don sacré, pas une faute.
- Bénir et remercier transforme l’acte de manger en expérience spirituelle.
- Respecter son corps est une forme de service divin.
- L’équilibre et la modération sont des principes fondamentaux dans la pensée juive.
- Chaque repas est une opportunité de se reconnecter à Hachem.