Dans le parcours souvent solitaire et douloureux de la lutte contre une addiction, beaucoup finissent par se demander : pourquoi continuer à lutter ? Ce combat intérieur semble parfois vain, surtout après des rechutes ou face à l’incompréhension de l’entourage. Et pourtant, la Torah, la pensée juive, et la tradition mystique du judaïsme offrent des clés puissantes pour redonner du sens, de l’espoir et une direction à ce combat. L’objectif de cet article est de montrer que cette lutte personnelle dépasse l’individu : elle est un acte spirituel, une mission réparatrice, et un levier d’impact pour soi, sa famille, et le monde.
Lutter pour soi, mais aussi pour les autres : l’impact positif sur sa famille et son entourage
Une transformation personnelle bénéfique pour les proches
La Torah enseigne que chaque Juif est responsable non seulement de lui-même, mais aussi de son prochain. En surmontant une addiction, on ne se sauve pas uniquement soi-même. On devient une source de lumière pour son foyer, son couple, ses enfants.
Exemple : Un homme qui travaille sur sa chemirat haEnayim (la garde de ses yeux) inspire une atmosphère de respect, de pudeur, et de confiance dans son couple. Ses enfants ressentent une énergie plus saine à la maison, même sans comprendre pourquoi.
« Le fer aiguise le fer, de même un homme aiguise le visage de son prochain » (Proverbes 27:17).
L’amélioration de soi est contagieuse. Elle élève les autres.
Le guide Guard Your Eyes souligne que la Chemirat Habrit est la « fondation » de l’édifice spirituel d’un Juif : invisible aux yeux du monde, mais cruciale pour la stabilité de tout l’être.
La dimension de tikoun (réparation) personnelle et collective selon la Kabbale
La Kabbale éclaire la portée cosmique du combat
Le Zohar enseigne que les fautes sexuelles, comme le zera levatala, causent des brisures dans les mondes spirituels. Mais chaque effort pour se corriger devient un tikoun, une réparation. Cela ne concerne pas seulement l’individu, mais l’ensemble du peuple juif et même l’univers tout entier.
Citation :
« Celui qui émet sa semence en vain est comme s’il détruisait des mondes… Mais celui qui fait téchouva restaure ces mondes » (Zohar, Berechit 219b).
Ainsi, chaque jour d’abstinence est une reconstruction du monde. Chaque prière, chaque décision de dire « non », même silencieuse, est une victoire dans les sphères supérieures.
Victor Frankl, dans son œuvre sur la logothérapie, disait:
« survivre, c’est trouver un sens à sa souffrance ».
La Torah pousse plus loin : surmonter, c’est transformer la souffrance en lumière.
Comment la Torah éclaire la valeur profonde du combat intérieur
Un combat noble, reconnu par le Divin
La lutte contre le Yetser Hara est l’un des plus grands champs de mérite dans le judaïsme. Le Talmud (Yoma 86a) affirme que la téchouva authentique transforme les fautes en mérites.
Citation : « Le juste tombe sept fois et se relève » (Mishlei 24:16).
L’essentiel n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever avec force.
Chaque homme est créé à l’image de D.ieu (Genèse 1:27), doté du libre arbitre. En luttant, on active cette divinité intérieure. La Torah nous ordonne de choisir la vie, le bien, l’effort, malgré nos chutes.
Exemple : Un homme confesse après des années de chute qu’il arrive désormais à tenir une semaine, puis un mois. Ce progrès n’est pas seulement une victoire personnelle ; c’est une réponse à l’appel divin :
« Revenez à Moi, et Je reviendrai à vous » (Malakhi 3:7).
Le Rambam enseigne :
« même celui qui a fauté toute sa vie, s’il fait téchouva sincèrement à la fin, ses fautes sont effacées et transformées en mérite » (Hilkhoth Téchouva 7:1).
Conclusion
Redonner du sens à sa lutte contre l’addiction, c’est comprendre qu’on ne combat pas seul, et qu’on ne combat pas en vain. Ce combat est un acte d’amour envers soi-même, envers sa famille, et envers Hachem. C’est une mission spirituelle, un tikoun personnel et collectif. La Torah ne glorifie pas les anges, mais les hommes qui tombent… et se relèvent.
Points clés à retenir :
- Chaque effort de lutte contre l’addiction a un impact positif sur la famille et l’environnement.
- La Kabbale nous enseigne que ce combat est un tikoun cosmique.
- La Torah valorise et accompagne la lutte intérieure comme un acte divin.
- Même après des chutes, chaque retour est une victoire spirituelle.
- L’espoir, la bienveillance envers soi, et la conscience de ses valeurs sont les piliers du changement durable.