Le jeu pathologique ne détruit pas seulement les finances ; il consume l’âme. Entre pertes matérielles et désespoir spirituel, la Torah et la tradition juive proposent un chemin de sens, de réparation, et de retour vers soi et Hachem.
Quand le jeu détruit : pertes financières et effondrement intérieur
Les conséquences du jeu ne se limitent pas à la perte d’argent. Elles entraînent une véritable déstructuration de l’être, une perte de repères, une déconnexion de la réalité. Chaque mise est un espoir désespéré de se refaire, mais le plus souvent, elle creuse un peu plus le gouffre intérieur.
Exemple : Un homme ayant perdu sa maison au jeu continue pourtant à miser les dernières aides sociales qu’il reçoit. Il sait que les chances sont minimes, mais il ne peut s’arrêter.
Le Rav Noa’h Weinberg enseignait :
“Le Yetser Hara te fait croire que le prochain coup va te sauver, alors qu’il est précisément celui qui va t’achever.”
La Torah nous avertit :
📖 “Et vous ne vous égarerez pas après votre cœur et vos yeux.” (Bamidbar 15:39)
Car ce sont les yeux qui voient le gain, mais c’est le cœur qui s’y attache et s’y perd.
Tout perdre… et continuer à miser : logique de l’addiction
Le joueur compulsif ne joue plus pour gagner. Il joue pour échapper à une douleur intérieure. Il rejoue non par espoir, mais par besoin. Cette logique d’addiction est similaire à celle d’autres dépendances : on sait que cela détruit, mais on le fait quand même.
📖 “Le juste tombe sept fois et se relève.” (Proverbes 24:16)
La Torah ne nie pas la chute. Elle nous enseigne que la chute est parfois le passage obligé vers l’élévation.
Exemple : Un homme dit : « J’ai tout perdu : emploi, respect, couple. Et pourtant, je joue encore… C’est comme si je cherchais inconsciemment à me punir. »
Emouna face à la panique : Où est Hachem dans le chaos ?
Lorsque tout s’effondre, la panique prend le dessus. Le joueur peut se sentir abandonné, maudit, perdu. Pourtant, c’est dans ce vide que peut naître l’Emouna véritable. La Emouna, ce n’est pas croire que tout va bien se passer, c’est croire que, même dans la chute, Hachem est là.
📖 “Hachem est proche de ceux qui ont le cœur brisé.” (Tehilim 34:19)
Rabbi Na’hman de Breslev disait :
“Ne désespère jamais, quoi qu’il arrive !”
Même dans les ténèbres les plus profondes, il y a une lueur divine. Et parfois, toucher le fond est la seule façon de sentir la main de Hachem venue nous relever.
Exemple : Un homme endetté à cause du jeu entre dans une synagogue sans but. Il entend un cours sur le retour à soi. Ce moment devient le tournant de sa vie.
Reconstruire avec l’aide : vers une nouvelle fondation
La reconstruction commence par l’humilité : reconnaître qu’on ne peut plus s’en sortir seul.
La tradition juive propose des outils puissants :
Le Hitbodedout : parler à Hachem
Rabbi Na’hman recommandait de parler à Hachem comme à un ami. Ce dialogue sincère est le début du retour à la vie.
Le Heshbon Nefesh : faire le bilan
Chaque jour, faire un retour sur soi, noter ses émotions, ses échecs, ses victoires. Cette introspection transforme le chaos en clarté.
Le soutien communautaire
Le Rav Twerski, psychiatre et maître hassidique, insistait sur la nécessité de l’entraide. Le joueur isolé doit s’entourer de ceux qui comprennent et soutiennent. L’approche des groupes comme ceux proposés par GuardYourEyes repose sur cette vérité : on se relève ensemble.
Conclusion
Le jeu compulsif est un piège qui vide l’homme de ses ressources, de sa dignité, et parfois de sa foi. Mais la tradition juive nous enseigne que même dans l’abîme, une étincelle divine subsiste. Avec la Emouna, l’introspection et l’aide d’autrui, on peut reconstruire, plus fort et plus vrai qu’avant. La chute n’est pas la fin, mais le début d’un retour.
Points clés à retenir :
- Le jeu compulsif entraîne une perte d’identité et de lien spirituel.
- Rejouer après avoir tout perdu est une dynamique d’addiction et non de logique.
- La Emouna permet de garder un lien avec Hachem même dans la panique.
- La reconstruction passe par la prière, le bilan de vie et le soutien communautaire.
- Chaque chute peut devenir une opportunité de se relever et de se rapprocher.