L’addiction est une entrave qui enferme l’homme dans un cycle de répétition, l’éloignant de son essence et de sa relation avec Hachem. La Torah et la sagesse juive offrent un chemin de réparation : la techouva, ou retour vers D.ieu. Maïmonide (Rambam) dans Hilkhot Techouva définit la techouva comme un processus de transformation où l’homme reconnaît sa faute, la regrette, et prend la ferme résolution de ne plus y revenir. Lorsqu’il s’agit d’addiction, ce processus devient plus complexe, nécessitant une prise de conscience profonde et des étapes concrètes vers la guérison.
Le processus de techouva expliqué par les textes
La structure de la techouva selon Rambam
Rambam définit quatre étapes essentielles à la techouva :
- Reconnaissance de la faute (Vidouï) – Accepter son état et mettre des mots sur sa situation.
- Regret sincère (Harata) – Ressentir une douleur authentique face aux erreurs passées.
- Décision ferme de ne plus récidiver (Kabbala Al Haba) – Un engagement à ne plus retomber dans l’addiction.
- Changement de comportement – Mettre en place des actions concrètes qui empêchent la rechute.
Dans le cadre de l’addiction, ce modèle doit être adapté. La Guemara (Avoda Zara 17a) rapporte l’histoire de Ben Dourdaya, qui après une vie d’excès, a crié son repentir du fond de son être, nous enseignant que même le plus éloigné peut faire techouva.
Le rôle de la sincérité et de la prise de responsabilité
Techouva et responsabilité personnelle
La techouva ne consiste pas seulement à demander pardon, mais à prendre pleinement responsabilité de son comportement. Viktor Frankl, dans la Logothérapie, souligne que vivre avec sens implique d’assumer la responsabilité de ses choix. C’est un principe fondamental de la techouva : l’homme doit reconnaître son rôle dans ses fautes pour pouvoir les transcender.
Le Netivot Shalom enseigne que la culpabilité saine est un cadeau d’Hachem, car elle pousse l’homme à revenir vers Lui. À l’inverse, la honte excessive est un piège du yetser hara qui paralyse.
L’importance du cœur brisé
Rabbi Elimelech de Lizhensk enseigne :
« la techouva faite dans la souffrance du cœur est accueillie avec amour ».
Un repentir sincère, même après de multiples rechutes, est précieux aux yeux d’Hachem.
Rabbi Nachman de Breslev ajoute :
« Même si tu es tombé mille fois, sache que chaque fois que tu recommences à lutter, tu es plus cher à Dieu qu’un ange immaculé. ».
Comment avancer pas à pas vers la libération et le pardon
La techouva comme processus progressif
Contrairement à l’idée erronée d’un changement instantané, la techouva est un chemin progressif. Le Sefer HaYashar enseigne que chaque effort, même minime, est pris en compte par Hachem.
Le programme des 12 étapes, souvent utilisé dans le traitement des addictions, a de nombreux parallèles avec la techouva juive :
- Admettre son impuissance face à l’addiction (Avouons nos fautes).
- Se remettre entièrement entre les mains d’Hachem.
- Faire un examen de conscience quotidien.
- Réparer les torts causés.
Fixer des objectifs réalistes
Rav Twerski recommande une approche graduelle :
- Commencer par une seule journée d’abstinence.
- Instaurer un système de journaling pour suivre ses progrès.
- S’entourer d’un réseau de soutien spirituel et psychologique.
Transformer l’épreuve en élévation
Dans la Hassidout, on trouve le concept de it’hapcha : transformer l’obscurité en lumière. Rabbi Shneur Zalman de Liadi explique que lorsqu’un homme fait techouva, même les forces du mal qu’il a nourries sont réintégrées dans la sainteté. Chaque chute peut devenir une opportunité de se renforcer.
Conclusion
La techouva face à l’addiction est un chemin de réparation et d’élévation. C’est une lutte quotidienne, mais chaque pas compte. Comme l’enseigne Michlei :
« Le juste tombe sept fois et se relève. » (Proverbes 24:16) .
Hachem ne demande pas la perfection immédiate, mais un cœur sincère qui cherche à s’améliorer. Peu importe la profondeur de la chute, la porte de la techouva reste toujours ouverte.
Points clés à retenir :
- La techouva est un processus progressif, non un changement immédiat.
- Prendre la responsabilité de ses actions est la clé du retour vers Hachem.
- La sincérité du repentir est plus importante que l’absence de fautes.
- Les rechutes ne sont pas des échecs, mais des opportunités de renforcement.
- Un réseau de soutien et des objectifs concrets sont indispensables à la guérison.
Avec l’aide d’Hachem, chaque personne peut retrouver sa liberté intérieure et transformer son combat en un chemin vers la sainteté.