La juste approche juive du jeûne

Dans notre époque de quête spirituelle intense, la pratique du jeûne religieux peut parfois dériver vers des formes déséquilibrées. Cet article explore comment la Torah, nos Sages, et en particulier Rav Kook nous guident pour éviter les pièges d’une téchouva déformée en mortification, et comment favoriser une dynamique de croissance positive.

 

Téshouva déformée en mortification

Le jeûne, bien que valorisé dans la Torah comme un moyen d’élévation et de réparation, peut être mal compris. Lorsque la téchouva (le repentir) devient une source d’auto-flagellation ou de culpabilité destructrice, elle s’éloigne du but divin.

Dans la tradition juive, la téchouva est un processus d’amour, de réparation, et non d’autopunition. Le Talmud enseigne :

« Même celui qui a fauté toute sa vie et fait téchouva à la fin de ses jours, toutes ses fautes sont transformées en mérites. » (Rambam, Hilkhot Téshouva 7:1)​

La souffrance auto-infligée n’est pas un objectif en soi ; l’essentiel est la transformation intérieure et le rapprochement avec Hachem.

Exemple : Un homme jeune, en quête de pureté, décide de jeûner plusieurs jours pour « expier » ses fautes, mais sombre dans la dépression. Selon la Torah, ce n’est pas la voie recommandée : il doit au contraire renforcer sa joie et son engagement positif.

 

Rav Kook : le jeûne joyeux

Rav Abraham Isaac Kook, l’un des plus grands maîtres spirituels du XXe siècle, propose une perspective lumineuse :
Le jeûne véritable n’est pas une mortification du corps, mais une élévation de l’âme.

Dans Orot HaTéshouva, Rav Kook explique que :

« Le jeûne ne doit pas être un acte de tristesse, mais une préparation joyeuse à la pureté. »

Il invite à vivre le jeûne comme un moment d’ouverture intérieure, de connexion accrue à l’infini d’Hachem, et non comme une punition.

La Torah enseigne d’ailleurs :

« Servez Hachem avec joie » (Psaumes 100:2).

Même en période de jeûne, la lumière doit dominer sur la douleur.

joie et pureté

 

Privilégier l’engagement positif

À travers les sources, la pensée juive souligne qu’il est préférable d’accentuer les actions constructives plutôt que de s’épuiser dans l’auto-reproche.

Comme le dit le Zohar :

« Un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. »

Ainsi, pour avancer dans la téchouva, le judaïsme nous propose :

  • Augmenter la Torah et les mitsvot plutôt que de s’infliger des souffrances.

    613 mitsvots

  • Remplir sa vie de lumière spirituelle plutôt que de s’enliser dans la culpabilité.

  • S’engager dans des actes de hessed (bonté) qui élèvent l’âme.

Le Ramban écrit dans Torat HaAdam que même le jeûne doit être encadré et réfléchi, pour qu’il ne devienne pas une source de faiblesse spirituelle.

Exemple : Plutôt que de jeûner excessivement après une faute, un étudiant décide de s’engager à donner chaque jour un sourire sincère et une aide concrète à autrui. Ainsi, il transforme sa téchouva en une force de vie.

 

Conclusion

Le judaïsme authentique ne prône pas la souffrance pour la souffrance. Il appelle à la réparation joyeuse, à l’élévation intérieure, et à la croissance constante dans la lumière de la Torah. Le jeûne doit être un chemin vers plus de pureté et d’amour, jamais un abîme de tristesse. Rav Kook et nos Sages nous invitent à un judaïsme vibrant, lumineux, profondément enraciné dans la confiance en la bonté divine.

 

Points clés à retenir :

  • La téchouva n’est pas de la mortification, mais une dynamique positive de réparation.

  • Rav Kook enseigne que le jeûne doit être joyeux, non triste.

  • La Torah privilégie l’engagement positif plutôt que l’auto-flagellation.

  • Un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité (Zohar).

  • La croissance spirituelle se nourrit de la joie, de la Torah et des mitsvot.

 

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