Dans cet article, nous allons explorer un phénomène souvent sous-estimé : les troubles alimentaires qui apparaissent après un passage intense par l’armée ou la yéchiva. Nous aborderons les racines du problème — trauma et compensation alimentaire, solitude et perte de structure — et proposerons des outils spirituels puissants, inspirés de la Torah et de la pensée juive, pour reconstruire une vie saine et équilibrée.
Trauma et mécanismes de compensation alimentaire
Le passage par l’armée ou une longue période d’étude intensive en yéchiva peut être profondément transformateur, mais aussi générer des traumatismes émotionnels et physiques. L’alimentation devient souvent un mécanisme d’auto-régulation : un moyen de combler un vide intérieur ou de gérer une angoisse latente.
Le Rambam enseigne dans ses lois sur la Déot (Déot 4:15) :
« Le corps sain est sur la voie du service divin. »
Ainsi, prendre soin de son alimentation n’est pas seulement un besoin de santé, mais une mission spirituelle.
Exemple:
Un étudiant, ayant quitté une yéchiva après des années de discipline stricte, a découvert qu’il mangeait excessivement la nuit pour calmer une angoisse difficile à nommer. Ce comportement a fini par créer un cercle vicieux d’insatisfaction et de culpabilité.
La Torah nous rappelle :
« Et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19:18).
Cela commence par soi-même — s’aimer assez pour écouter son corps et lui offrir ce dont il a réellement besoin.
La solitude et l’absence de structure
Après des années rythmées par des horaires militaires ou religieux stricts, la liberté peut devenir angoissante. L’absence de cadre nourrit un sentiment de vide. La solitude, souvent perçue comme un échec social ou spirituel, alimente des comportements de compensation alimentaire.
Dans Torah Therapy, il est souligné :
« La solitude n’est pas un accident, elle est une opportunité de retrouver le divin en soi-même. »
Exemple :
Un ancien soldat, désormais libre de ses mouvements, témoignait de son errance : « Je mangeais sans fin, sans faim réelle. J’essayais de remplir une absence : celle de mes camarades, de mon rôle, de mon but. »
La Guémara nous enseigne (Taanit 11a) :
« Celui qui souffre avec la communauté sera épargné lorsqu’elle sera sauvée. »
Il faut se rappeler que même seul, on fait partie d’une communauté spirituelle plus vaste.
Outils spirituels pour reconstruire une routine
La Torah offre une boussole pour se reconstruire : un équilibre entre corps, âme, et structure de vie.
1. Recréer un emploi du temps structuré
Rabbi Haïm de Volozhin dans Nefesh HaHaïm encourage l’établissement d’un cadre régulier pour l’étude, la prière, et le travail.
- Fixer des heures de repas régulières.
- Définir des temps d’étude ou de lecture inspirante chaque jour.
- Structurer son sommeil pour favoriser l’équilibre mental.
2. Utiliser la prière et la méditation
Tehilim 51:12 : « Crée en moi un cœur pur, ô D.ieu, renouvelle en moi un esprit droit. »
Le Hitbodedout (prière personnelle enseignée par Rabbi Nahman de Breslev) est un outil formidable pour reconnecter à soi-même et à D.ieu.
3. Se fixer des petits objectifs accessibles
Le Juste tombe sept fois et se relève (Mishlei/Proverbes 24:16).
Exemple:
Un ancien étudiant de yéchiva s’est fixé un objectif simple : chaque jour, au lieu de grignoter sans faim, il récitait une bénédiction lente et consciente avant de manger un repas structuré.
4. Renforcer ses valeurs fondamentales
Selon l’Outil d’Identification des Valeurs Fondamentales, reconnecter à ses valeurs (comme la connexion à Hachem, la croissance personnelle ou la bienveillance) aide à sortir d’une spirale de comportements automatiques.
Conclusion:
Les troubles alimentaires post-yéchiva ou post-armées ne sont pas un échec. Ils sont une invitation, parfois douloureuse, à reconstruire une vie plus consciente, plus alignée sur nos valeurs profondes. Avec l’aide de la Torah, des outils spirituels et d’un peu de patience envers soi-même, il est tout à fait possible de retrouver équilibre et lumière.
Points clés à retenir :
- Le trauma et l’absence de structure peuvent engendrer des troubles alimentaires après une phase intense de discipline.
- La Torah encourage la reconstruction intérieure par la routine, la prière, l’étude et la conscience de soi.
- La solitude est une opportunité pour retrouver la connexion divine intérieure.
- Fixer de petits objectifs réalistes aide à avancer sans découragement.
- Recentrer sa vie autour de ses valeurs fondamentales permet de retrouver un sens et un équilibre durable.