Dans le silence des salles d’étude des yéchivot, un combat invisible se joue parfois : celui contre les troubles alimentaires. Isolement, pression académique, déséquilibres alimentaires… Explorons ensemble ce défi peu connu, éclairé par la sagesse de la Torah et de nos Maîtres.
L’isolement et le stress : terreau des troubles alimentaires
Étudier dans une yéchiva représente une immense opportunité spirituelle, mais c’est aussi un défi émotionnel. Loin de leur famille, soumis à une discipline intense et parfois peu encadrés sur le plan émotionnel, certains étudiants développent des troubles alimentaires. Ceux-ci peuvent se manifester par des comportements de surconsommation, de restriction ou des crises de compensation.
Le Rav Dessler explique dans Mikhtav MéÉliyahou que lorsqu’un homme perd son équilibre intérieur, il cherche des compensations externes, souvent matérielles, pour combler le vide spirituel. Ainsi, l’alimentation devient parfois un substitut affectif.
Exemple :
Un jeune étudiant avoue : « Quand l’étude devenait trop lourde, je courais au coin cuisine pour manger. C’était mon seul réconfort. »
Le Talmud enseigne :
« L’oisiveté mène au péché » (Kiddouchin 29b).
Un stress non canalisé peut pousser à chercher du réconfort immédiat, notamment dans la nourriture.
Déséquilibres alimentaires : un défi quotidien
L’alimentation en yéchiva est parfois simple, rapide et riche en glucides, par nécessité d’organisation. Toutefois, l’absence de repas équilibrés, de fruits frais et d’un environnement de repas calme peut favoriser des déséquilibres.
Dans Pirkei Avot (Éthique des Pères 3:17), il est écrit :
« Sans farine, il n’y a pas de Torah, sans Torah, il n’y a pas de farine. »
Ce lien souligne l’importance de prendre soin de son corps pour pouvoir nourrir aussi son âme.
Rabbi Avraham Twerski souligne dans ses enseignements sur l’addiction que « lorsqu’une personne ignore ses besoins physiques de base, elle finit par affaiblir sa capacité à atteindre son potentiel spirituel ».
Rav Dessler sur la Emounah et la confiance alimentaire
Rav Dessler dans son Mikhtav MéÉliyahou insiste sur l’idée que le Bitachon (confiance en D.ieu) doit aussi s’étendre à notre rapport à la nourriture : avoir confiance que nos besoins réels seront pourvus et ne pas tomber dans l’anxiété alimentaire.
Citation :
« Celui qui croit véritablement que tout est entre les mains d’Hachem ressent une paix intérieure même face aux besoins physiques. »
Cela nous invite à vivre les repas avec reconnaissance, modération et présence d’esprit. Manger devient un acte de foi, pas seulement une réponse émotionnelle au stress.
Outils pratiques pour retrouver structure et équilibre
Face aux risques de troubles alimentaires en yéchiva, des outils simples et pratiques peuvent aider à retrouver un équilibre :
1. Planifier ses repas
Inspiré de Maïmonide (Rambam) qui recommande d’équilibrer travail, étude et repas, planifier ses repas à heures fixes, avec des aliments variés, aide à stabiliser les émotions.
2. Gestion du stress par la prière et la méditation
Faire du Hitbodedout (prière personnelle) ou simplement quelques respirations conscientes avant les repas apaise l’esprit.
Exemple pratique :
Avant chaque repas, prendre 30 secondes pour remercier Hachem pour la nourriture. Cela reconnecte au sens du repas et limite les impulsions.
3. Activité physique régulière
L’activité physique, même légère, équilibre les émotions et réduit les compulsions.
Le Zohar enseigne :
« Un petit peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. »
Bouger même un peu crée de la lumière intérieure.
4. Se fixer des objectifs réalistes
Rabbi Nahman de Breslev enseigne :
« Le monde entier est un pont étroit, l’essentiel est de ne pas avoir peur. »
Fixer un petit objectif par jour (par exemple, manger un fruit par jour) peut créer des changements durables.
Conclusion
Les jeunes hommes en yéchiva sont appelés à construire leur avenir spirituel, mais leur bien-être physique est un pilier fondamental pour réussir. Comprendre les mécanismes des troubles alimentaires, développer la confiance en Hachem pour nos besoins matériels, et mettre en place des outils de structure sont des clés puissantes pour grandir avec équilibre et force.
Chaque repas, chaque choix est une opportunité de vivre la Emouna concrètement.
« Vous serez saints, car Moi, Hachem, votre D.ieu, Je suis saint. » (Vayikra 19:2)
Points clés à retenir :
- Isolement et stress en yéchiva peuvent déclencher des troubles alimentaires.
- La confiance en Hachem (Bitachon) est une clé pour retrouver l’équilibre.
- Planification des repas, prière consciente et activité physique sont des outils essentiels.
- Fixer des objectifs simples favorise une transformation durable.
- Chaque petit pas vers l’équilibre compte dans la progression spirituelle.