Dans notre monde contemporain, certains aliments sont devenus de véritables « refuges émotionnels ». Sucre, gras, et sel prennent parfois une place disproportionnée dans nos vies, évoquant nostalgie, consolation… mais aussi dépendance. Cet article explore comment, à la lumière de la Torah et de la sagesse juive, nous pouvons retrouver un rapport sain et sacré à l’alimentation, et transmettre des valeurs plus profondes aux générations futures.
Les aliments “doudous” et souvenirs d’enfance
Les saveurs sucrées, grasses ou salées de l’enfance éveillent en nous des souvenirs de protection et de réconfort. Ces aliments, souvent liés aux premiers soins émotionnels reçus, deviennent des « doudous alimentaires », de véritables pansements sur nos émotions.
Exemple:
Un morceau de gâteau au chocolat rappelant les fêtes d’anniversaire ou des frites croustillantes évoquant les sorties familiales du dimanche.
Cependant, ce besoin régressif peut devenir un piège : en cherchant à reproduire ce réconfort, nous risquons de tomber dans une consommation compulsive.
La Torah nous enseigne l’importance du contrôle des désirs :
« Ne vous égarerez pas après votre cœur et après vos yeux » (Bamidbar/Nombres 15:39).
Cette invitation nous rappelle que nos pulsions immédiates ne doivent pas guider nos actions.
Nostalgie ou prison émotionnelle ?
S’il est naturel de ressentir de la nostalgie, il est dangereux d’en faire une prison. Lorsque le besoin de réconfort alimentaire devient automatique, il alimente une dépendance émotionnelle masquée.
Selon la pensée juive, la véritable liberté intérieure passe par la maîtrise de soi. Le Talmud enseigne :
« Qui est le héros ? Celui qui maîtrise son inclination » (Pirkei Avot 4:1).
Accepter ses émotions sans les fuir dans la nourriture est un acte de courage spirituel. La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), citée dans la Torah Therapy, rejoint cette idée : accepter la douleur sans l’étouffer et agir selon ses valeurs profondes.
Transmettre autre chose à la génération suivante
La manière dont nous gérons nos propres besoins émotionnels devient un modèle pour nos enfants.
Le Rav Wolbe enseigne qu’éduquer, c’est montrer l’exemple dans la maîtrise de ses désirs et la recherche d’un plaisir plus profond. Plutôt que d’associer la douceur uniquement au sucre, il est essentiel de transmettre la douceur des mots, des attentions, des actes de générosité (hessed).
Exemple:
Remplacer l’habitude de « récompenser » un enfant avec une sucrerie par un moment de lecture partagée, une balade ou une bénédiction chaleureuse.
La Torah affirme :
« Parle à toute l’assemblée des enfants d’Israël et dis-leur : Vous serez saints, car Moi, Hachem, votre D.ieu, Je suis saint » (Vayikra/Lévitique 19:2).
Cela inclut sanctifier nos plaisirs et nos façons de célébrer la vie.
Cacher la douceur dans le vrai
La sagesse juive nous invite à chercher la véritable douceur non dans la satisfaction immédiate, mais dans l’alignement avec notre mission de vie.
Viktor Frankl, dans Découvrir un sens à sa vie, souligne :
« l’homme peut survivre à toutes les souffrances s’il découvre un sens à son existence ».
Cacher la douceur dans la vérité, c’est enseigner que la joie la plus profonde vient du sens et de l’authenticité, non d’un plaisir fugace.
Exemple:
Plutôt que de combler un vide avec une tablette de chocolat, chercher à se nourrir d’un acte de bonté, d’une prière sincère ou d’une étude de Torah enrichissante.
Ainsi, comme il est dit dans les Proverbes :
« Le Juste tombe sept fois et se relève » (Mishlei/Proverbes 24:16).
L’essentiel n’est pas de ne jamais faillir, mais de toujours se relever en visant une vie plus élevée et connectée.
CONCLUSION:
Si sucre, gras et sel peuvent évoquer des souvenirs heureux, ils ne doivent pas devenir nos maîtres. À la lumière de la Torah, nous sommes appelés à sanctifier nos plaisirs, transmettre des valeurs profondes à nos enfants et chercher la vraie douceur dans notre mission spirituelle. Chaque instant est une opportunité de transcender la nostalgie pour embrasser la véritable liberté intérieure.
Points clés à retenir :
- Les aliments réconfortants évoquent souvent une nostalgie d’enfance mais peuvent devenir des pièges émotionnels.
- La Torah valorise la maîtrise de soi comme clé de la véritable liberté intérieure.
- L’éducation par l’exemple consiste à montrer comment se nourrir émotionnellement de valeurs et non de consommations.
- La véritable douceur réside dans le sens donné à notre existence et dans la connexion avec notre mission spirituelle.