Dans notre époque de surinformation nutritionnelle et d’injonctions sociales contradictoires, de nombreuses personnes développent une peur irrationnelle de « trop manger ». Cette crainte cache souvent des troubles profonds de la perception alimentaire, où la quantité ingérée devient un marqueur d’angoisse et de valeur personnelle. À travers cet article, nous explorerons cette problématique sous l’angle de la Torah, pour retrouver une relation apaisée et respectueuse avec notre corps et notre alimentation.
Terreur du surplus : obsession du chiffre
La peur de « trop manger » est souvent marquée par une obsession pour les chiffres : calories, poids, portions. Cette obsession peut mener à des comportements de contrôle excessif ou à une culpabilité dévorante après un repas.
Exemple :
Une jeune femme témoigne : « Même après un repas simple, je ressens un besoin compulsif de vérifier combien de calories j’ai ingérées. Chaque bouchée devient un calcul, chaque repas un champ de bataille intérieur. »
Dans la pensée juive, le chiffre est un outil et non un tyran. Le Rambam enseigne dans son Mishné Torah (Déot 4:14) :
« Le juste mange pour satisfaire son âme, mais le ventre du méchant est toujours dans le besoin. »
Manger pour se nourrir et honorer son corps est un acte spirituel, tandis que l’excès ou l’obsession vide l’acte de sa sainteté.
Halakha et modération : le kavod du corps
La Halakha nous enseigne le respect du corps. Dans Vayikra 19:18, il est dit :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Le Talmud (Brakhot 5b) ajoute :
« Ton corps est un dépôt que Hachem t’a confié. »
Cela implique une obligation de respecter son propre corps, en le nourrissant suffisamment et correctement. La modération, concept central en Torah, nous pousse à éviter à la fois les excès et la privation volontaire. Rav Wolbe insiste dans Alei Shour :
« l’équilibre est la clef de la santé physique et émotionnelle. »
Ainsi, se priver par peur du surplus peut être aussi destructeur que l’excès. La modération devient un acte de kavod (honneur) envers soi-même et envers le Créateur.
Apaiser la peur avec la reconnaissance
Face à la peur de « trop manger », la Torah nous propose un outil puissant : la reconnaissance (hakarat hatov). Remercier Hachem pour la nourriture, bénir avant et après les repas, nous replace dans une posture de gratitude et non de combat.
Exemple :
Une femme ayant souffert de troubles alimentaires raconte : « Ce n’est que lorsque j’ai commencé à dire vraiment les bénédictions, à ressentir une gratitude sincère pour chaque repas, que j’ai retrouvé une paix intérieure vis-à-vis de la nourriture. »
Rabbi Nahman de Breslev enseigne :
« La gratitude ouvre les portes de la guérison et de la réparation. »
(Likouté Moharan I, 2:2)
En se concentrant sur le don divin et non sur la peur, nous changeons la nature de notre relation à l’alimentation.
Conclusion
La peur de « trop manger » n’est pas qu’une question de nourriture ; elle touche profondément à notre rapport au corps, à la maîtrise de soi et à notre confiance en Hachem. Grâce à l’enseignement de la Torah, nous pouvons sortir de l’obsession et retrouver une relation saine, équilibrée et empreinte de kavod envers notre corps. Cultiver la reconnaissance, viser la modération, et respecter la sagesse de notre tradition sont des chemins lumineux pour guérir notre rapport à l’alimentation et à nous-mêmes.
Points clés à retenir :
- La peur du surplus alimentaire naît souvent d’une obsession pour les chiffres et un contrôle excessif.
- La Torah prône l’équilibre : respecter son corps est un devoir spirituel.
- La modération est un principe fondamental de la Halakha.
- La gratitude, par les bénédictions et la reconnaissance, transforme l’acte de manger en acte sacré.
- La confiance en Hachem et l’acceptation de son corps sont des clés pour apaiser les angoisses alimentaires.