Dans une société où la vulnérabilité des hommes est souvent étouffée par des normes de virilité, les troubles alimentaires chez les jeunes hommes restent largement ignorés. Cet article met en lumière ce fléau silencieux, les moyens d’en reconnaître les signes, et les ressources adaptées pour en sortir.
Reconnaître les signes : une urgence silencieuse
Les troubles alimentaires chez les hommes, comme l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie, ne sont pas moins fréquents que chez les femmes, mais ils sont bien plus dissimulés. L’absence de reconnaissance sociale et médicale aggrave leur détection.
Les signes caractéristiques peuvent inclure :
- Une obsession pour la musculation ou la « propreté » alimentaire (orthorexie).
- Une perte ou une prise de poids rapide et inexpliquée.
- Des habitudes alimentaires rigides et isolées.
- Des comportements de purge ou d’excès suivis de culpabilité.
Exemple :
« J’ai commencé à m’entraîner 6 jours par semaine, en supprimant tout sucre. Mais je me sentais toujours sale si je mangeais une barre de céréales. Je faisais du sport la nuit pour compenser. »
Les recherches issues de la psychologie positive montrent qu’il est crucial d’identifier chez chaque patient les forces personnelles qui peuvent être mobilisées pour sortir du cycle destructeur.
La barrière de la honte : un mur invisible
Le principal frein chez les hommes à demander de l’aide est la honte. Cette émotion est souvent confondue avec la culpabilité, mais elle s’en distingue fondamentalement. Comme le dit Rav Avraham Twerski :
« La culpabilité, c’est « j’ai fait une erreur ». La honte, c’est « je suis une erreur ». »
Ce sentiment d’être “un homme cassé” est renforcé par le mythe de l’homme fort et stoïque. Le Talmud nous enseigne pourtant :
📖 « Le juste tombe sept fois et se relève. » (Proverbes 24:16)
➡ Cela signifie que la chute fait partie du chemin de la grandeur, et non l’inverse.
Le judaïsme, en rappelant que chaque Nechama est sacrée, redonne au jeune homme l’espoir d’une rédemption, même après des cycles de rechute.
Briser le tabou : oser en parler dans des groupes adaptés
Le silence qui entoure les troubles alimentaires chez les hommes peut être rompu par la parole partagée dans un cadre sécurisé. L’expérience du groupe de parole est transformatrice car elle permet à chacun de se sentir reconnu dans sa douleur et soutenu dans sa progression.
Le modèle logothérapeutique de Viktor Frankl propose une approche thérapeutique centrée sur le sens. Il rappelle :
« Celui qui a un pourquoi qui lui tient à cœur peut survivre à n’importe quel comment. »
Des groupes spécifiques pour hommes existent désormais dans plusieurs contextes juifs thérapeutiques, offrant des espaces de croissance, de discussion, et de reconstruction du lien avec soi-même et avec Hachem.
Conclusion
Reconnaître les troubles alimentaires chez les jeunes hommes, c’est leur donner enfin la possibilité d’être aidés. C’est briser un silence étouffant et offrir une voix à ceux qui souffrent en silence. À travers une parole libérée, une thérapie du sens, et un cadre communautaire bienveillant, chaque homme peut retrouver son équilibre et sa dignité.
Car chaque chute n’est qu’un pas vers la montée future. Chaque douleur peut devenir une force quand elle est partagée et accueillie dans un espace de Torah et d’amour vrai.
Points clés à retenir :
- Les troubles alimentaires chez les hommes sont fréquents mais méconnus.
- La honte empêche souvent de demander de l’aide, contrairement à une culpabilité constructive.
- Le judaïsme offre des outils puissants de réparation spirituelle et psychologique.
- Des groupes de parole spécifiques pour hommes peuvent briser l’isolement.
- Le travail sur le sens et les valeurs est une clé de la guérison durable.