Dans notre monde saturé de produits ultra-transformés, nombreux sont ceux qui ressentent une attirance presque incontrôlable pour les aliments riches en sel, sucre et graisses. S’agit-il d’une simple mauvaise habitude ou d’une réelle addiction ? La pensée juive nous invite à réfléchir sur notre rapport à la nourriture et propose des pistes concrètes pour rééduquer notre goût et retrouver l’équilibre.
La tentation de la malbouffe : un phénomène de société
Aujourd’hui, les rayons de supermarché regorgent d’aliments attirants visuellement, savoureux à l’excès, mais souvent dépourvus de valeur nutritionnelle. Chips, plats préparés, sodas, confiseries… tout est pensé pour séduire le palais. Et cela ne relève pas du hasard.
Exemple : Les industriels utilisent des techniques précises pour maximiser le « bliss point », ce point de plaisir maximal combinant sel, sucre et graisse. Résultat : notre cerveau reçoit une forte libération de dopamine, similaire à ce qui se passe avec certaines drogues.
Cette recherche du plaisir immédiat nous conditionne et entraîne un cercle vicieux : plus on consomme, plus on en veut. Cela n’est pas sans rappeler le mécanisme décrit dans les textes de Torah concernant les instincts incontrôlés.
📖 « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de D.ieu. » (Devarim 8:3)
Habitude ou addiction ? Décryptage selon la Torah et la psychologie
Selon la pensée juive, tout comportement compulsif qui s’éloigne de la conscience et de la maîtrise est considéré comme problématique. Le Rambam (Maïmonide) insiste sur la nécessité de dominer ses instincts et de manger dans le but de préserver la santé, et non par simple appétit ou gourmandise.
📖 « Le corps en bonne santé est un des chemins pour servir Hachem. » (Rambam, Hilkhot Deot 4:1)
Mais comment savoir si nous sommes face à une addiction réelle ?
La psychologie moderne, et notamment la logothérapie de Viktor Frankl, enseigne que la perte de contrôle sur nos comportements révèle une quête de sens manquante. Ce besoin peut être inconsciemment comblé par la nourriture, tout comme certains comblent un vide émotionnel par des substances ou des comportements addictifs.
La Torah va plus loin : elle affirme que tout excès – même permis – peut conduire à un éloignement d’Hachem si l’homme n’y met pas de limites.
📖 « Ne suivez pas vos yeux ni votre cœur, après lesquels vous vous prostituez. » (Bamidbar 15:39)
Aliments ultra-transformés : pourquoi sont-ils si problématiques ?
Les aliments ultra-transformés modifient notre perception du goût. Ils altèrent les signaux naturels de satiété et de faim, et poussent à une surconsommation. Le goût naturel des aliments simples paraît alors fade.
Le problème devient spirituel lorsque la nourriture devient une fin en soi.
Exemple : Une personne qui mange régulièrement des chips salés trouve les légumes fades, même avec des assaisonnements. Il faudra un processus de sevrage pour que le palais réapprenne à apprécier les goûts simples.
Ce dérèglement rappelle l’avertissement du Ramban dans son commentaire sur Vayikra 19:2 :
« Ne sois pas un dépravé avec la permission de la Torah ».
Ce concept s’applique également à ceux qui mangent cachère mais de manière compulsive et déséquilibrée.
Rééduquer le goût : retrouver la simplicité
Rééduquer le goût, c’est un travail à la fois physiologique et spirituel.
Étapes concrètes selon la pensée juive :
- Prendre conscience des habitudes : L’introspection (heshbon hanefesh) est essentielle. Pourquoi mange-t-on ce qu’on mange ? Est-ce par faim, par ennui, par frustration ?
- Fixer des objectifs clairs : Inspiré du « Success Tracker » utilisé dans la lutte contre d’autres addictions, noter ses repas, ses émotions, et ses objectifs hebdomadaires peut aider à retrouver la maîtrise de soi .
- Aligner alimentation et valeurs : La nourriture doit devenir un moyen de service divin, non un piège sensoriel.
📖 « Celui qui veut se purifier, on l’aide d’en haut. » (Talmud, Yoma 38b)
- Remplacer la malbouffe par du sens : Comme le propose la psychologie positive, intégrer des plaisirs non alimentaires dans la vie – spiritualité, étude, lien communautaire – réduit la dépendance au plaisir artificiel.
Une mission spirituelle : retrouver la maîtrise
Le Rav Avigdor Miller disait que la discipline face aux désirs est l’essence même de l’être humain. La nourriture en excès, même permise, peut nous faire chuter si elle est prise sans conscience.
📖 « Vous serez saints, car Moi, Hachem, votre D.ieu, Je suis saint. » (Vayikra 19:2)
C’est dans cette maîtrise que se trouve la véritable liberté.
Conclusion:
En rééduquant notre goût, nous ne faisons pas que prendre soin de notre santé physique. Nous nous reconnectons à notre essence spirituelle, à notre liberté intérieure, et nous transformons chaque repas en un acte de service divin.
Points clés à retenir :
- La malbouffe agit sur le cerveau comme une drogue, déclenchant des circuits de récompense similaires.
- La Torah appelle à la maîtrise de soi face aux plaisirs permis.
- Rééduquer le goût nécessite un sevrage progressif et une introspection spirituelle.
- Fixer des objectifs clairs et se reconnecter à ses valeurs est essentiel pour sortir de l’addiction.
- Chaque repas peut devenir un acte sacré, s’il est guidé par la conscience et l’intention.