La honte qui suit une rechute dans une addiction peut être une barrière redoutable. Elle enferme l’individu dans un cycle de culpabilité, d’auto-dénigrement et de découragement. Pourtant, la Torah nous offre une perspective libératrice : celle d’un chemin de retour, de douceur, de compréhension et de croissance. Cet article explore comment la pensée juive nous aide à transformer cette honte en levier de transformation, et comment se reconnecter à Hachem même après une chute.
Comprendre que la honte mal canalisée éloigne d’Hachem
Une illusion d’éloignement
Beaucoup de ceux qui vivent une rechute ressentent une honte si intense qu’ils pensent que Hachem les a abandonnés. Ils se disent indignes de prier, d’étudier, ou même d’être aimés par Dieu. Pourtant, cette perception est fausse.
Exemple : Un homme témoigne dans le guide de Guard Your Eyes qu’après chaque chute, il se sentait « trop sale » pour parler à Hachem. Ce sentiment l’a éloigné de la téchouva pendant des années, jusqu’à ce qu’il comprenne que la honte n’était pas la voix d’Hachem, mais celle du Yetser Hara.
« Hachem est proche de tous ceux qui L’invoquent, de tous ceux qui L’invoquent avec sincérité » (Téhilim 145:18).
Hachem ne se détourne jamais de nous. C’est la honte mal comprise qui nous pousse à nous détourner de Lui.
Une émotion qui devient un piège
Le Zohar compare la honte excessive à un vêtement brûlant : elle devrait couvrir la personne avec pudeur et conscience, mais mal utilisée, elle la brûle de l’intérieur. Cela peut mener à un état de dissociation et de perte d’espoir.
La distinction entre la « boussole » de la honte positive (boucha) et la culpabilité paralysante
Boucha – Une lumière intérieure
Dans le judaïsme, la boucha est une vertu. C’est la conscience morale qui guide l’individu vers le bien. Elle pousse à la téchouva avec douceur.
« Le juste tombe sept fois et se relève » (Proverbes 24:16)
La chute n’annule pas la justice de l’homme ; c’est sa capacité à se relever qui l’enracine dans la sainteté.
La boucha ne dit pas : « Je suis mauvais », mais plutôt : « Ce n’est pas moi, je suis capable de mieux ».
La culpabilité paralysante – Voix du Yetser Hara
À l’inverse, une honte excessive qui engendre dégoût de soi et isolement est destructrice. Elle fait croire qu’il est trop tard, que tout est fichu. C’est un leurre.
Rabbi Nahman enseigne :
« Ne désespère jamais, même si tu es tombé mille fois. Ce monde est un pont très étroit, et l’essentiel est de ne pas avoir peur. »
Comment la Torah invite à agir dans la douceur et le pardon de soi-même
La douceur comme stratégie spirituelle
La Torah ne pousse pas à l’auto-flagellation après la faute, mais à l’action douce, sincère et constante.
Exemple : Le guide « Success Tracker » encourage à noter chaque jour ses émotions, ses échecs, mais surtout les outils utilisés pour se relever. Même une journée difficile devient ainsi un pas vers la guérison.
Rabbi Haïm de Volozhin écrit dans Nefesh Ha’Haïm :
« Reconnaître ses luttes sans s’y attacher est l’essence de la conscience divine. »
Les outils de la Torah pour se relever
- Téchouva authentique :
« Reviens à Moi, et Je reviendrai à toi » (Malakhi 3:7)
- Étapes progressives : Le Rambam recommande une progression douce – un jour, une semaine, 90 jours…
- La prière : Même après la chute, prier est un acte de connexion puissant.
- Soutien communautaire : « Le fer aiguise le fer » (Proverbes 27:17) – Parle à un ami, un mentor, ne reste pas seul.
Conclusion
La honte peut être une étincelle divine ou une prison mentale. Tout dépend de la manière dont on la canalise. Selon la Torah, chaque chute est une invitation à revenir vers soi, vers ses valeurs, vers Hachem. Ce chemin n’est pas linéaire. Il est fait de rechutes, de prises de conscience, de relèvements. Mais à chaque pas, nous sommes accompagnés. Et c’est cela le plus beau message de la Torah : tu n’es jamais seul, même après la faute.
Points clés à retenir :
- La honte mal orientée éloigne d’Hachem, la boucha nous en rapproche.
- Une culpabilité excessive est un piège du Yetser Hara.
- La Torah appelle à la douceur, au pardon et à l’action concrète après la chute.
- Des outils pratiques existent : journaux de bord, prière, soutien communautaire, spiritualité quotidienne.
- Chaque chute est une opportunité de croissance, non une preuve d’échec.