La dépression chez les jeunes hommes est souvent silencieuse, déguisée derrière des comportements banals ou attribuée à des périodes de « mauvaise humeur ». Mais lorsqu’elle s’accompagne d’une perte d’appétit, elle signale un déséquilibre profond, souvent existentiel. Cet article explore ces signes sous-estimés et les outils de la tradition juive pour y répondre.
Signes ignorés : quand la tristesse se cache derrière l’indifférence
La dépression chez les jeunes hommes ne s’exprime pas toujours par des pleurs ou de la tristesse explicite. Elle se manifeste souvent par de la fatigue chronique, l’irritabilité, une perte d’appétit, un désintérêt pour les activités quotidiennes et un isolement social. Viktor Frankl évoque ce qu’il nomme la « dépression du chômage », décrite chez des jeunes qui, sans but, se sentent inutiles et sombrent dans l’absurde.
« Les gens ont assez d’argent pour vivre, mais aucune raison de vivre. » Viktor Frankl
Dans un contexte religieux, cette souffrance intérieure est également interprétée comme une conséquence du vide existentiel, un manque de sens et de direction dans la vie.
Corrélation entre alimentation, énergie et état émotionnel
La tradition juive relie fortement le corps et l’âme. Le manque d’appétit est souvent le reflet d’un affaiblissement spirituel ou émotionnel.
« Et vous protégerez avec vigilance votre bien-être. » (Devarim 4:15)
Cette mitsva rappelle que la négligence physique peut aussi affecter l’âme.
Des études contemporaines ont montré que l’exercice physique, un sommeil réparateur, et une alimentation équilibrée sont fondamentaux pour équilibrer les neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine) qui influencent l’humeur et donc, l’appétit. Le Rav Wolbe recommandait de renforcer la vie spirituelle mais aussi sociale des jeunes pour rétablir leur bien-être.
Vide existentiel et névrose noogène : racines de la souffrance
Victor Frankl parle d’une « névrose noogène », causée non par des conflits psychiques traditionnels, mais par une frustration existentielle : une perte de but, un effondrement des valeurs, une vie privée de sens.
« L’homme a besoin non de se libérer de sa tension, mais de se sentir appelé à accomplir quelque chose. »
Les jeunes hommes affectés par cette dépression « blanche », silencieuse, se désintéressent de la nourriture, de la société, et parfois de la vie elle-même. Ce qui est souvent pris à tort pour de la paresse ou de l’indifférence est en réalité un appel au secours.
Dépistage précoce : urgence et obligation morale
La Torah nous enjoint de protéger la vie (Pikuach Nefesh). Cela inclut la santé mentale. Le Proverbe 24:16 nous rappelle :
« Le Juste tombe sept fois et se relève. »
Une incitation à ne jamais abandonner un jeune en détresse .
Un dépistage précoce peut sauver une vie, en réorientant le jeune vers des objectifs de vie, des valeurs, et un sens spirituel. Les outils comme l’identification des valeurs fondamentales sont précieux pour aider un jeune à se reconnecter à lui-même et à sa mission .
Vers une guérison intégrative
La psychologie positive, dans l’esprit des enseignements juifs, enseigne l’importance de développer :
- L’espoir,
- La persévérance,
- Le courage,
- Une vie sociale enrichissante,
- Une relation profonde avec Hachem.
Le Zohar enseigne :
« Un petit peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. »
Cela vaut aussi pour la santé mentale : une pensée inspirante, une prière sincère, un acte de hessed peut suffire à inverser une spirale dépressive.
Conclusion
La dépression et la perte d’appétit chez les jeunes hommes sont souvent les symptômes visibles d’un mal-être plus profond : un vide existentiel. En combinant dépistage précoce, soutien psychologique, engagement spirituel et reconquête du sens, la tradition juive offre des clés puissantes de compréhension et de guérison. Il est temps de regarder ces jeunes non comme des cas à corriger, mais comme des âmes en quête de lumière.
Points clés à retenir :
- La perte d’appétit est souvent un signal d’alarme psychique.
- Le vide existentiel est une cause fréquente de dépression chez les jeunes hommes.
- Une alimentation saine, du soutien spirituel et une mission de vie peuvent inverser la courbe.
- Le dépistage précoce est vital pour prévenir des issues graves comme le suicide.
- La Torah et la pensée juive offrent des ressources puissantes pour redonner sens et espoir.