Dans un monde en constante mutation, les adolescents cherchent souvent des moyens de reprendre du pouvoir sur leur vie. L’un de ces moyens est parfois l’alimentation, utilisée non seulement pour satisfaire des besoins physiques, mais aussi pour exercer un contrôle émotionnel et psychologique. Cet article explore cette dynamique à travers la lumière de la pensée juive et les enseignements de nos maîtres.
Reprendre le pouvoir par la restriction
L’adolescence est une période de grands bouleversements où l’incertitude et les tensions internes poussent souvent les jeunes à chercher des repères. L’alimentation peut devenir un instrument de maîtrise de soi, voire de rébellion. Restreindre sa nourriture offre une illusion de contrôle sur un monde qui semble échapper à leur emprise.
Rabbi Israël Salanter, fondateur du mouvement du Moussar, enseignait:
» l’homme est un « maître de ses désirs »
et la lutte contre ses instincts est le fondement même de la grandeur humaine.
Exemple : Un jeune homme décide de jeûner plusieurs jours non pour des raisons spirituelles, mais pour éprouver son pouvoir sur son corps. Cela illustre une quête de contrôle face à un monde ressenti comme incertain.
Dans la pensée juive, la maîtrise de soi est un idéal, mais elle doit être équilibrée et dirigée vers un but positif, pas vers l’autodestruction.
Rav Wolbe : Gérer l’incertitude avec foi
Rav Wolbe, dans son œuvre magistrale Alei Shur, explique que l’incertitude fait partie intégrante de la vie et que l’homme doit apprendre à vivre avec elle en cultivant une confiance profonde en Hachem.
Comme il est écrit :
« Remets ton sort à Hachem, et Il te soutiendra » (Téhilim / Psaumes 55:23).
L’incertitude ne doit pas être combattue par des stratégies d’évitement comme l’excès de contrôle alimentaire, mais par l’acceptation confiante que tout ce qui arrive est dirigé par une Providence bienveillante.
L’adolescent est invité à se renforcer dans l’émouna (foi) : comprendre que même ce qui semble instable et imprévisible est inscrit dans un projet divin qui vise son bien.
Équilibrer maîtrise de soi et douceur
La Torah nous enseigne un principe fondamental :
« Celui qui est fort est celui qui maîtrise son instinct » (Pirké Avot 4:1).
Cependant, cette force doit toujours être accompagnée de douceur et de respect envers soi-même.
Rabbi Na’hman de Breslev insistait sur l’importance d’encourager l’âme et de ne jamais sombrer dans l’auto-flagellation. Même dans la discipline personnelle, la compassion est indispensable :
Exemple : Un adolescent qui pratique la discipline alimentaire pour des raisons spirituelles (par exemple, pour mieux se concentrer sur la Torah) doit s’assurer qu’il ne tombe pas dans des excès nuisibles à sa santé, mais qu’il agit dans un esprit d’amour de soi et de service d’Hachem.
Ainsi, l’équilibre est la clé : maîtriser ses désirs tout en respectant ses besoins, ses limites et son bien-être.
Conclusion:
L’alimentation peut devenir un moyen pour les adolescents de tenter de reprendre le contrôle dans une vie marquée par l’incertitude. Toutefois, à la lumière de la Torah, cette quête doit être guidée non par la peur ou l’obsession, mais par la foi, la bienveillance envers soi-même, et l’engagement à grandir spirituellement. Rav Wolbe et les grands maîtres nous rappellent que la véritable maîtrise de soi est un chemin de douceur, d’acceptation, et de confiance en Hachem.
Points clés à retenir :
- L’alimentation peut devenir un outil de contrôle émotionnel chez les adolescents.
- La foi (émouna) permet de gérer l’incertitude sans recourir à des comportements extrêmes.
- L’équilibre entre discipline et douceur est fondamental selon la Torah.
- Rav Wolbe enseigne que l’incertitude est une opportunité de grandir dans la foi.
- La maîtrise de soi est un idéal, mais doit être accompagnée de compassion envers soi-même.